UN THRILLER SCIENTIFIQUE AUX ORIGINES DE L’HUMANITÉ
Le chercheur Stefan Catsicas, ancien vice-président de l’EPFL, publie un plaisant roman d’aventures, à base d’ADN et de complots des pharmas
Avec La séquence, les Editions Favre et Stefan Catsicas, l’auteur, innovent en matière de présentation: la liste des personnages principaux se trouve à la fin, non au début. On le signale si le lecteur intéressé est comme l’auteur de ces lignes, un usager classique qui commence par le début.
Ces pages de résumés des CV sont utiles au début, bien que La
séquence ne soit pas un pavé si touffu que cela – au contraire, cette aventure scientifico-économico-politique, dans un genre peu courant chez Favre, est d’une lecture absolument agréable.
LE NOBEL LÂCHE UNE BOMBE
Université de Californie à San Diego, sud de la Californie, un site réputé pour sa recherche médicale. Le chercheur en biologie Daniel Fox apprend qu’il va recevoir le Prix Nobel. Avec le Français Nelson Devennes, il y a longtemps, l’Américain avait découvert «la Séquence», le brin d’ADN qui caractérise l’humanisation – elle est «responsable de la transformation progressive de nos ancêtres en êtres humains». Cette découverte vaut le prestigieux trophée à Fox. Devennes, lui, a quitté les laboratoires pour les affaires, il dirige l’une des quatre grandes compagnies mondiales de pharma. Celles-ci
Un réseau secret, Agenta, convoite les usages et les transformations possibles du précieux fragment d’ADN…
sont regroupées en un conseil qui s’apprête à tenir conférence de presse à New York avec la secrétaire générale de l’ONU, à propos de la mise à disposition de médicaments dans les pays en développement.
Mais voilà, lors de sa propre conférence de presse après l’annonce du prix, Daniel Fox lance une bombe: il exige l’arrêt immédiat des travaux sur la Séquence. Or non seulement certaines sociétés envisagent de telles expériences de manière publique, mais un réseau secret, Agenta, dans lequel trempent des agents nord-coréens, compte mettre la main sur les usages et les transformations possibles du précieux fragment d’ADN…
Stefan Catsicas a un parcours en virages. Les Lémaniques l’ont connu comme vice-président de l’EPFL, pour une durée limitée, dans les premiers temps de l’ère Aebischer au début 2000. Neurobiologiste, il a travaillé pour cette école et le CHUV, avant de gagner le secteur privé.
Quand les scientifiques s’adonnent à la science-fiction, les résultats ne sont pas toujours passionnants: la volonté d’expliquer l’emporte sur le goût de conter, la science finit par écraser la fiction. Stefan Catsicas ne tombe pas dans ce travers. Bardé de scènes d’attaques à New York, même des assauts aux lance-roquettes contre les vitres d’un siège de multinationale, La
séquence a tout du roman d’aventures plutôt trépidant, avec une bonne touche de science et de questions fondamentales.
JAMES BOND CHEZ LES UNIVERSITAIRES
L’auteur a une plume un peu lourde et ne manque pas de clichés (les Italiennes sont toujours trop maquillées, le flic new-yorkais sacre en bougonnant «parole d’Irlandais»…). Mais il s’applique à tendre son suspense jusqu’au point d’orgue sur une île grecque, contexte qui renforce le caractère haletant et dépaysant du texte, un genre de James Bond chez les académiques. Comme de juste, l’éditeur place son nouveau poulain sous la caution du cinéaste suisse basé à Hollywood Marc Forster, qui a réalisé Quantum of Solace. La
séquence a son avenir aussi bien codé que l’ADN.