Andrea Huber, lutte à l’unisson
La chanteuse et militante, qui incarne la défense des droits de l’homme contre l’UDC, a d’autres projets au lendemain de la victoire
Certains la connaissaient, sous le nom d’Andra Borlo, comme chanteuse de jazz et de soul. Mais la campagne qui s’est achevée dimanche a fait de cette Lucernoise de 50 ans une figure politique. Nul plus qu’elle n’est associé aussi personnellement au combat contre l’initiative de l’UDC sur l’autodétermination, en défense des droits humains.
Nécessaire de défendre les droits de l’homme en Suisse? Andrea Huber en est convaincue: «Ils sont loin d’être gravés dans le marbre.» Pour elle, la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) offre une protection aussi indispensable que la crème solaire, pour reprendre la comparaison qui a baptisé Facteur de protection D, l’association qu’elle a fondée contre l’initiative sur les «juges étrangers».
Née d’un père suisse et d’une mère allemande, Andrea Huber a fait des études de sciences politiques, milité pour Amnesty International, travaillé comme enseignante, épousé un guitariste argentin et mis au monde une fille avant de se lancer dans la bataille. Elle l’a souvent raconté: elle est en Argentine lorsqu’elle entend presque par hasard une interview de Toni Brunner, alors président de l’UDC, annonçant l’intention de s’en prendre à la CEDH. Avant même que l’initiative ne soit formellement lancée, elle organise l’opposition, à force d’énergie et de contacts. On lui doit l’image du cheval de Troie pour évoquer la tonalité suave donnée par l’UDC à sa campagne. Près de 120 ONG ont participé à la sienne, dans le sillage de Facteur de protection D.
«Il y avait certes d’autres arguments que les droits de l’homme pour refuser cette initiative, admet-elle. Les milieux économiques ont mis en avant la menace qu’elle ferait courir sur la fiabilité des futurs engagements internationaux de la Suisse. Mais les nôtres étaient les plus concrets.»
Surtout, il y a lieu de poursuivre le travail. Les expériences accumulées lors de cette campagne intégreront la plateforme Humanrights.ch. Andrea Huber contribuera à la constitution d’une agence de conseil mettant ses compétences au service des citoyens, des avocats et des médias. «Il y a encore tant à faire pour que les décisions des juges de Strasbourg soient mises en oeuvre efficacement, et avant prescription, dans notre pays.»
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FONDATRICE DE FACTEUR DE PROTECTION D