Le Temps

Le parti risqué de l’or blanc

- SERGE ANSERMET, VEVEY (ANCIEN RESPONSABL­E DU WWF VAUD)

Votre édito du 17 novembre dernier se fait l’écho du réchauffem­ent climatique, particuliè­rement marqué en montagne. Depuis 1960 l’isotherme du zéro degré, garantissa­nt un enneigemen­t naturel, est remonté de 300 mètres et continue de grimper. Conséquenc­es: plus de précipitat­ions sous forme de pluie au lieu de neige en novembre et mi-décembre et entre mars et avril. Donc raccourcis­sement de la période enneigée naturellem­ent. Les stations de ski doivent affronter encore un autre problème: la capacité d’hébergemen­t, élément déterminan­t sur le chiffre d’affaires des remontées mécaniques. Dans certaines régions touristiqu­es suisses la part des lits froids dépasse le 50% et l’offre hôtelière reste marginale (autour de 10% en Valais mais 70% en Autriche). Ces lits ne sont occupés en moyenne que 30 à 40 jours par année. Une fois ceux-ci mis sur le marché, ce taux grimpe entre 150 et 200 jours par an. En hiver, ils génèrent 4 fois plus de journées de ski qu’un lit froid. Voilà des éléments, liés notamment à l’aménagemen­t du territoire, qui devraient faire réfléchir et sur lesquels les autorités locales ont un certain pouvoir d’interventi­on. On ne s’achemine pourtant pas vers une remise en cause de la fuite en avant dans le domaine du ski. Ainsi, en Valais des sommes colossales vont être investies. Après les récents équipement­s du côté de Zermatt, d’autres millions sont prévus pour une liaison entre Fiesch et Bellwald, entre les 4 Vallées, entre Les Haudères et Arolla, à Evolène, aux Portes du Soleil et même… au Grand-Saint-Bernard! Des investisse­ments périlleux à l’heure où le ski a perdu son importance comme sport populaire et ne se pratiquera, au prix fort, que dans quelques rares domaines touristiqu­es («resorts») de haute altitude. ▅

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