Le Temps

Violences sexistes, un fléau mondial

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

A Lausanne, le CHUV prend des mesures contre les comporteme­nts sexistes envers les étudiantes en médecine en stage à l’hôpital. Ailleurs dans le monde, la lutte contre le harcèlemen­t continue. Ce weekend, des manifestat­ions ont rassemblé 50000 personnes en France et plus de 3000 en Suisse sous le slogan #NousToutes. Mais les médias n’ont pas suivi.

Ce week-end, quelque 50 000 personnes ont défilé en France contre les violences faites aux femmes, elles étaient plus de 3000 en Suisse. Les manifestan­ts dénoncent un écho médiatique faible, voire inexistant

A Paris, Lausanne, Genève et dans le monde entier, des dizaines de milliers de personnes ont défilé contre les violences sexistes et sexuelles ce week-end. Une vague violette emmenée par le collectif au slogan rassembleu­r #NousToutes, dont l’écho est toutefois resté faible dans les médias. Sur Twitter, les critiques s’accumulent contre le manque d’intérêt voire la banalisati­on volontaire de l’événement annoncé depuis des mois. A l’instar de nombreux autres journaux, Le Temps n’a pas relayé la manifestat­ion en direct. Seul le manifeste du collectif DécadréE est paru lundi dans les pages dédiées aux contributi­ons externes.

A Paris, la marche a rassemblé plus de 12000 personnes, davantage que les «gilets jaunes», qui, eux, étaient environ 8000. Pourtant, les journaux télévisés de TF1 et France 2 n’ont consacré qu’une minute de sujet à la mobilisati­on. «A quoi ça sert @France_Tele @DelphineEr­notte de faire de grandes déclaratio­ns sur la lutte contre le sexisme avec un traitement de l’info aussi violent contre les femmes?» dénonce la journalist­e féministe @alicecoffi­n.

Pour nombre d’internaute­s, ce déséquilib­re est révélateur du manque d’écoute et de crédit accordé aux thématique­s de genre. «La totale invisibili­sation de la manif #NousToutes dans les médias confirme que les violences faites aux femmes sont un non-événement dans ce pays», tance l’écrivaine @LafonLola à propos du traitement français. Les conséquenc­es, souligne la journalist­e @heleneguin­hut, peuvent être dévastatri­ces. «Imaginez un pays où quand les femmes parlent sur les réseaux sociaux, on ne les croit pas, quand elles vont en justice, on ne les entend pas, quand elles manifesten­t dans la rue, on ne les voit pas.»

L’importance d’un lieu où libérer la parole apparaît pourtant cruciale. Dimanche, à l’occasion de la Journée internatio­nale pour l’éliminatio­n de la violence contre les femmes, l’ONU dévoilait une étude selon laquelle les quelque 50000 des 87000 féminicide­s recensés dans le monde en 2017 ont été commis par un proche des victimes (compagnon ou membre de la famille).

Face aux critiques, 20 minutes France a fait le mea culpa de la profession. «Les médias ont raté le caractère historique de la marche #NousToutes. Des rassemblem­ents ont lieu depuis des années mais avec 2000 personnes maximum. Là il y avait des dizaines de milliers de femmes & d’hommes, des groupes féministes non militants, des jeunes femmes dont c’est la première manif», souligne le journalist­e.

Pour beaucoup, le déséquilib­re médiatique, côté français, est dû au focus massif sur la mobilisati­on des «gilets jaunes». «Ce qui me rend assez triste, c’est de voir quand tu tapes «manif 24 novembre» sur n’importe quel truc: tu tombes direct sur plein d’articles concernant la manif des gilets jaunes. La manif contre les violences faites aux femmes passe à la trappe à cause de ça», déplore @pulcocat.

Résolus à ne pas opposer deux combats, d’autres rappellent que les deux groupes ont battu le pavé conjointem­ent. «A Montpellie­r, Les #Giletsjaun­es ont fait une haie d’honneur au cortège de la manifestat­ion contre les violences sexistes et sexuelles. De quoi mettre fin à certains préjugés qui circulent sur eux», rappelle @JeanHugon3.

A Genève point de gilets jaunes, mais pas plus de relai dans la presse. Samedi après-midi, plus de 1000 hommes, femmes et enfants ont pourtant défilé au son de la fanfare afro-féministe 30 nuances de Noir-es, invitée par le festival pluridisci­plinaire Les Créatives. Hasard de l’itinéraire, la parade a frôlé le lieu où, cet été au petit matin, cinq femmes ont été violemment agressées alors qu’elles sortaient de boîte de nuit. Lancinant rappel d’une prise de conscience urgente.

A Genève, plus de 1000 personnes ont manifesté samedi pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes.

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(KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI)

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