Violences sexistes, un fléau mondial
A Lausanne, le CHUV prend des mesures contre les comportements sexistes envers les étudiantes en médecine en stage à l’hôpital. Ailleurs dans le monde, la lutte contre le harcèlement continue. Ce weekend, des manifestations ont rassemblé 50000 personnes en France et plus de 3000 en Suisse sous le slogan #NousToutes. Mais les médias n’ont pas suivi.
Ce week-end, quelque 50 000 personnes ont défilé en France contre les violences faites aux femmes, elles étaient plus de 3000 en Suisse. Les manifestants dénoncent un écho médiatique faible, voire inexistant
A Paris, Lausanne, Genève et dans le monde entier, des dizaines de milliers de personnes ont défilé contre les violences sexistes et sexuelles ce week-end. Une vague violette emmenée par le collectif au slogan rassembleur #NousToutes, dont l’écho est toutefois resté faible dans les médias. Sur Twitter, les critiques s’accumulent contre le manque d’intérêt voire la banalisation volontaire de l’événement annoncé depuis des mois. A l’instar de nombreux autres journaux, Le Temps n’a pas relayé la manifestation en direct. Seul le manifeste du collectif DécadréE est paru lundi dans les pages dédiées aux contributions externes.
A Paris, la marche a rassemblé plus de 12000 personnes, davantage que les «gilets jaunes», qui, eux, étaient environ 8000. Pourtant, les journaux télévisés de TF1 et France 2 n’ont consacré qu’une minute de sujet à la mobilisation. «A quoi ça sert @France_Tele @DelphineErnotte de faire de grandes déclarations sur la lutte contre le sexisme avec un traitement de l’info aussi violent contre les femmes?» dénonce la journaliste féministe @alicecoffin.
Pour nombre d’internautes, ce déséquilibre est révélateur du manque d’écoute et de crédit accordé aux thématiques de genre. «La totale invisibilisation de la manif #NousToutes dans les médias confirme que les violences faites aux femmes sont un non-événement dans ce pays», tance l’écrivaine @LafonLola à propos du traitement français. Les conséquences, souligne la journaliste @heleneguinhut, peuvent être dévastatrices. «Imaginez un pays où quand les femmes parlent sur les réseaux sociaux, on ne les croit pas, quand elles vont en justice, on ne les entend pas, quand elles manifestent dans la rue, on ne les voit pas.»
L’importance d’un lieu où libérer la parole apparaît pourtant cruciale. Dimanche, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, l’ONU dévoilait une étude selon laquelle les quelque 50000 des 87000 féminicides recensés dans le monde en 2017 ont été commis par un proche des victimes (compagnon ou membre de la famille).
Face aux critiques, 20 minutes France a fait le mea culpa de la profession. «Les médias ont raté le caractère historique de la marche #NousToutes. Des rassemblements ont lieu depuis des années mais avec 2000 personnes maximum. Là il y avait des dizaines de milliers de femmes & d’hommes, des groupes féministes non militants, des jeunes femmes dont c’est la première manif», souligne le journaliste.
Pour beaucoup, le déséquilibre médiatique, côté français, est dû au focus massif sur la mobilisation des «gilets jaunes». «Ce qui me rend assez triste, c’est de voir quand tu tapes «manif 24 novembre» sur n’importe quel truc: tu tombes direct sur plein d’articles concernant la manif des gilets jaunes. La manif contre les violences faites aux femmes passe à la trappe à cause de ça», déplore @pulcocat.
Résolus à ne pas opposer deux combats, d’autres rappellent que les deux groupes ont battu le pavé conjointement. «A Montpellier, Les #Giletsjaunes ont fait une haie d’honneur au cortège de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles. De quoi mettre fin à certains préjugés qui circulent sur eux», rappelle @JeanHugon3.
A Genève point de gilets jaunes, mais pas plus de relai dans la presse. Samedi après-midi, plus de 1000 hommes, femmes et enfants ont pourtant défilé au son de la fanfare afro-féministe 30 nuances de Noir-es, invitée par le festival pluridisciplinaire Les Créatives. Hasard de l’itinéraire, la parade a frôlé le lieu où, cet été au petit matin, cinq femmes ont été violemment agressées alors qu’elles sortaient de boîte de nuit. Lancinant rappel d’une prise de conscience urgente.
▅
A Genève, plus de 1000 personnes ont manifesté samedi pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes.