Le dernier-né des mouvements citoyens
Courage civil s’est formé en marge de la campagne contre l’initiative d’autodétermination. Il a l’ambition de mobiliser au-delà de la population jeune et citadine
Dernier né des mouvements citoyens qui se sont distingués lors de la dernière campagne de votations: Courage civil, lancé en novembre 2018 dans le but de lutter contre «des attaques répétées contre la Constitution et l’Etat de droit».
Le mouvement voit le jour à l’instigation de l’expert en communication et ancien journaliste Mark Balsiger, auteur de plusieurs ouvrages sur les campagnes politiques. Ce Bernois était déjà connu outre-Sarine pour son engagement pour le sauvetage du quotidien Der Bund et contre «No Billag». Parmi les membres fondateurs figurent également l’ancien directeur de swissinfo. ch Peter Schibli ou l’actuel président de Max Havelaar, Hans-Peter Fricker.
Le mouvement entend s’engager sur la préservation de l’Etat de droit, le maintien du réseau international de la Suisse et la promotion de médias de qualité. En reprenant la page Facebook des opposants à «No Billag», Courage civil a pu bénéficier d’un coup de pouce de départ, puisque celle-ci cumule 28000 mentions «j’aime», autant que l’Opération Libero. Malgré cela, le mouvement est encore dans sa phase initiale, sans moyens financiers et ne s’appuyant que sur des bénévoles.
Il compte cependant sur une approche pragmatique et modérée pour fédérer largement. «Au premier abord, nous ressemblons à Opération Libero. Mais nous adoptons un autre ton.» Mark Balsiger espère convaincre des gens de toutes les générations et parvenir à sortir du cercle des progressistes urbains.
La crise des partis conventionnels
Il constate en outre que les acteurs traditionnels – les partis, mais également les fédérations comme les syndicats – ne parviennent plus à mobiliser au-delà de leurs sympathisants. «Les partis ont vu leur nombre fondre depuis les années 1990: ils ont perdu entre un tiers et un quart de leurs adhérents.» Pour Mark Balsiger, cela démontre clairement un affaiblissement, face auquel les mouvements comme Courage civil se posent en alternative. «Cela n’empêche pas des alliances ad hoc avec les structures traditionnelles, puisque nous n’avons pas vocation à nous impliquer dans des élections, mais à mobiliser autour de thèmes qui nous paraissent centraux.»
Le fait de ne pas avoir d’appétit électoral permet également de rassembler plus largement. «Les partis sont toujours soupçonnés de vouloir gagner des sièges ou d’utiliser des campagnes à des fins électorales. Ils sont en campagne électorale permanente», défend Mark Balsiger. C’est d’ailleurs justement ce que Courage civil reproche à l’UDC de faire régulièrement. Mark Balsiger s’attend d’ailleurs à ce que le référendum contre la nouvelle loi sur les armes se transforme également en plateforme en vue des élections fédérales de 2019. Sera-ce le prochain cheval de bataille de Courage civil? «Hier soir, le comité directoire s’est prononcé en faveur d’une campagne d’opposition au référendum, car celui-ci attaque les acquis de Schengen. Mais nous devons d’abord consulter notre base.»
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