Des batailles à l’ennui
A la fin de Devenir, les pages consacrées aux remerciements l’indiquent: de nombreuses fées – très spécialisées – se sont penchées sur ce livre. Avec une telle mobilisation, avec de tels investissements, il eût été bien triste de lire un récit insipide. De fait, il ne l’est pas, du moins jusqu’à ce que son héroïne ne s’installe à la Maison-Blanche.
Etre née femme et noire, avoir un père handicapé, être l’arrière-petite-fille d’un esclave, avoir vu les hommes de sa famille se voir refuser des emplois qualifiés parce qu’ils n’étaient pas de la bonne couleur, tout cela marque Michelle Robinson, petite fille de Chicago. Changer tout
D’emblée, elle sent qu’un combat est à mener, dont le champ de bataille est l’école. Elle ne lâchera rien jusqu’à devenir une brillante avocate. Puis, et c’est peut-être le passage le plus intéressant, Michelle Robinson réalise, devenue jeune adulte, qu’elle a exécuté parfaitement le programme attendu, sans se poser de questions. Et ça ne lui plaît pas. Elle va alors tout remettre en jeu et changer d’orientation. C’est à ce moment-là qu’elle rencontre un certain Barack Obama…
Une touche burlesque
Dès lors sa vie ne lui appartient plus entièrement. Si l’histoire d’amour, la maternité et le chemin vers Washington lui permettent encore d’exprimer son caractère et son humour, la période présidentielle est moins palpitante. Elle, si attachée à la liberté des femmes, se retrouve, comme tout son entourage, au service du président, ce «joyau précieux», ironiset-elle. On finit par s’ennuyer un peu, avec elle, à la Maison-Blanche, quand on a visité les recoins, même si la présence étonnante de sa mère, la très pragmatique Marian, ajoute un grain de bon sens et de burlesque à la vie ouatée, minutée et sous haute surveillance des locataires de la Maison-Blanche.
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Michelle Obama, «Devenir».
Traduit de l’américain par Odile Demange et Isabelle Taudière. Fayard, 450 p.