L’accueil parascolaire vaudois est sous pression
Le canton souffre d’un manque de places pour accueillir les enfants après l’école. Face à cette pénurie, les communes ont décidé d’assouplir les règles d’encadrement. Depuis, la levée de boucliers est massive
«Vaud, cancre du parascolaire!»: c’est avec ce slogan que le personnel du parascolaire vaudois, les parents, les syndicats et la gauche protestent depuis deux semaines contre les nouvelles normes d’encadrement pour l’accueil de jour.
Dès le 1er janvier, le nombre d’enfants par professionnel encadrant sera augmenté et davantage d’auxiliaires non formés seront engagés pour répondre à la demande. Le milieu parascolaire s’insurge contre des prestations revues à la baisse. L’Etablissement intercommunal pour l’accueil collectif parascolaire primaire (EIAP), qui ne veut pas revenir sur les normes, et les éducateurs, qui débrayeront de nouveau le 3 décembre, sont à couteaux tirés.
Une chose est sûre, l’offre en structures d’accueil de jour est insuffisante, selon le constat présenté mardi par la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE), l’organe vaudois chargé de vérifier périodiquement l’adéquation entre demande et offre. Les auteurs de l’étude, MicroGIS et le bureau Evaluanda, ont calculé qu’un peu plus d’un tiers des enfants nécessitent un encadrement (pré- et parascolaire) sur Vaud. Or, le taux de couverture actuelle est de moins de 20%.
20 000 places à créer d’ici à 2030
Dans le parascolaire (4-12 ans), seuls 40% des besoins sont couverts en moyenne cantonale (70% dans le préscolaire). «Le parascolaire est le parent pauvre», a concédé Sylvie Lacoste, la secrétaire générale de la FAJE, soulignant toutefois «les énormes efforts des communes consentis jusqu’à présent». Depuis 2006, la FAJE a contribué à créer plus de 13000 places d’accueil.
Rien que pour maintenir l’offre actuelle, il faudrait créer plus de 1600 places d’ici à 2025 et près de 2500 d’ici à 2030. Mais, pour atteindre l’objectif de couverture visé, ce ne sont pas moins de 14000 places supplémentaires qui seraient nécessaires rapidement et plus de 20000 places d’ici à 2030, selon la FAJE. Sans compter l’offre en cantine, qui n’a pas été prise en compte dans l’étude.
La pression sur le parascolaire ne va pas cesser, au contraire. L’étude prévoit une hausse de plus de 20% de la part d’enfants âgés entre 0 et 11 ans d’ici à 2030. Ceci en raison de l’évolution démographique et sociétale (les femmes travaillent davantage). Les régions du Nord vaudois, du Chablais et de Nyon sont particulièrement concernées. La demande en accueil de jour est d’ailleurs très disparate dans le canton.
«Plus de souplesse» pour certaines communes
Si la FAJE ne se prononce pas sur les futures normes pour le parascolaire, des règles moins strictes semblent faire sens pour répondre à la demande croissante. «A la campagne, les communes ont besoin de plus de souplesse en raison de leur difficulté à trouver du personnel disponible pour quelques heures par jour», explique Josephine Byrne Garelli, présidente de l’Association des communes vaudoises. L’accueil de jour peut être très sporadique, comme à midi. «Plus le cadre est compliqué, plus il sera difficile pour les communes de créer des places», conclut-elle.
Christine Guinard Dumas, secrétaire générale d’AvenirSocial, une association qui défend les collaborateurs du domaine social, rétorque: «Engager du personnel non qualifié péjorera la qualité de l’encadrement des 4-6 ans qui ne vont pas à l’école l’après-midi. Les équipes non formées ont un plus grand turnover et cela a un coût.» De plus, «on ne va pas créer 1000 places d’un coup d’ici à 2019, nous espérons un dialogue avec l’EIAP.»
La FAJE versera davantage aux communes pour leurs 29 réseaux d’accueil: le subventionnement passera de 84 à 100 millions de francs l’an prochain. Au-delà de la création de places, la secrétaire générale Sylvie Lacoste estime qu’il faut réfléchir à d’autres pistes pour améliorer la situation: congé paternité, longs congés parentaux ou télétravail.
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