Le Temps

L’accueil parascolai­re vaudois est sous pression

- t JULIA RIPPSTEIN @JuliaRipps­tein

Le canton souffre d’un manque de places pour accueillir les enfants après l’école. Face à cette pénurie, les communes ont décidé d’assouplir les règles d’encadremen­t. Depuis, la levée de boucliers est massive

«Vaud, cancre du parascolai­re!»: c’est avec ce slogan que le personnel du parascolai­re vaudois, les parents, les syndicats et la gauche protestent depuis deux semaines contre les nouvelles normes d’encadremen­t pour l’accueil de jour.

Dès le 1er janvier, le nombre d’enfants par profession­nel encadrant sera augmenté et davantage d’auxiliaire­s non formés seront engagés pour répondre à la demande. Le milieu parascolai­re s’insurge contre des prestation­s revues à la baisse. L’Etablissem­ent intercommu­nal pour l’accueil collectif parascolai­re primaire (EIAP), qui ne veut pas revenir sur les normes, et les éducateurs, qui débrayeron­t de nouveau le 3 décembre, sont à couteaux tirés.

Une chose est sûre, l’offre en structures d’accueil de jour est insuffisan­te, selon le constat présenté mardi par la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE), l’organe vaudois chargé de vérifier périodique­ment l’adéquation entre demande et offre. Les auteurs de l’étude, MicroGIS et le bureau Evaluanda, ont calculé qu’un peu plus d’un tiers des enfants nécessiten­t un encadremen­t (pré- et parascolai­re) sur Vaud. Or, le taux de couverture actuelle est de moins de 20%.

20 000 places à créer d’ici à 2030

Dans le parascolai­re (4-12 ans), seuls 40% des besoins sont couverts en moyenne cantonale (70% dans le préscolair­e). «Le parascolai­re est le parent pauvre», a concédé Sylvie Lacoste, la secrétaire générale de la FAJE, soulignant toutefois «les énormes efforts des communes consentis jusqu’à présent». Depuis 2006, la FAJE a contribué à créer plus de 13000 places d’accueil.

Rien que pour maintenir l’offre actuelle, il faudrait créer plus de 1600 places d’ici à 2025 et près de 2500 d’ici à 2030. Mais, pour atteindre l’objectif de couverture visé, ce ne sont pas moins de 14000 places supplément­aires qui seraient nécessaire­s rapidement et plus de 20000 places d’ici à 2030, selon la FAJE. Sans compter l’offre en cantine, qui n’a pas été prise en compte dans l’étude.

La pression sur le parascolai­re ne va pas cesser, au contraire. L’étude prévoit une hausse de plus de 20% de la part d’enfants âgés entre 0 et 11 ans d’ici à 2030. Ceci en raison de l’évolution démographi­que et sociétale (les femmes travaillen­t davantage). Les régions du Nord vaudois, du Chablais et de Nyon sont particuliè­rement concernées. La demande en accueil de jour est d’ailleurs très disparate dans le canton.

«Plus de souplesse» pour certaines communes

Si la FAJE ne se prononce pas sur les futures normes pour le parascolai­re, des règles moins strictes semblent faire sens pour répondre à la demande croissante. «A la campagne, les communes ont besoin de plus de souplesse en raison de leur difficulté à trouver du personnel disponible pour quelques heures par jour», explique Josephine Byrne Garelli, présidente de l’Associatio­n des communes vaudoises. L’accueil de jour peut être très sporadique, comme à midi. «Plus le cadre est compliqué, plus il sera difficile pour les communes de créer des places», conclut-elle.

Christine Guinard Dumas, secrétaire générale d’AvenirSoci­al, une associatio­n qui défend les collaborat­eurs du domaine social, rétorque: «Engager du personnel non qualifié péjorera la qualité de l’encadremen­t des 4-6 ans qui ne vont pas à l’école l’après-midi. Les équipes non formées ont un plus grand turnover et cela a un coût.» De plus, «on ne va pas créer 1000 places d’un coup d’ici à 2019, nous espérons un dialogue avec l’EIAP.»

La FAJE versera davantage aux communes pour leurs 29 réseaux d’accueil: le subvention­nement passera de 84 à 100 millions de francs l’an prochain. Au-delà de la création de places, la secrétaire générale Sylvie Lacoste estime qu’il faut réfléchir à d’autres pistes pour améliorer la situation: congé paternité, longs congés parentaux ou télétravai­l.

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