Le Temps

Une alliance inhabituel­le veut sortir l’OMC de l’impasse

- RAM ETWAREEA @rametwaree­a

Un groupe de pays, dont la Suisse, veulent éviter la paralysie qui guette la cour d’appel de l’Organisati­on mondiale du commerce. Selon eux, les griefs des Etats-Unis, qui bloquent la nomination des juges, sont justifiés

La paralysie sera-t-elle évitée? Les Etats-Unis bloquent toujours la nomination des juges à la cour d’appel de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) et insistent pour réformer cette instance qui statue au final sur les conflits commerciau­x entre ses membres. L’heure de vérité sonnera l’an prochain lorsque le mandat de deux des trois juges arrivera à échéance. En effet, il en faut au moins trois pour son bon fonctionne­ment.

Dans ce contexte, une alliance inhabituel­le des pays développés, dont la Suisse, et des pays en développem­ent a avancé lundi soir des propositio­ns pour sortir de l’impasse. «La situation est telle qu’il est urgent de trouver une voie de sortie, sans toutefois entamer les principes fondamenta­ux que sont l’impartiali­té et la possibilit­é d’appel», commente Didier Chambovey, l’ambassadeu­r et chef négociateu­r suisse à l’OMC. La Suisse fait en effet partie de cette alliance qui comprend également l’Union européenne, l’Australie, le Canada, la Norvège, mais aussi la Chine ou l’Inde. Les EtatsUnis sont les grands absents.

L’un des griefs américains est la lenteur de la cour d’appel à statuer sur les conflits. Pour y répondre, la première propositio­n veut prolonger la durée du mandat des juges de quatre ans actuelleme­nt à six à huit ans. Les pays souhaitent aussi nommer sept à neuf juges à plein temps. L’objectif est d’augmenter la capacité de l’instance d’appel à remplir son mandat.

Dans le même registre, les Etats réformateu­rs proposent que le délai de 90 jours pour prononcer un verdict soit strictemen­t respecté. Tel n’est pas le cas actuelleme­nt. Une prolongati­on devrait être possible seulement avec l’accord des deux parties en conflit.

Autre grief de Washington: les verdicts sont accompagné­s de considérat­ions qui dépassent le litige. «Il arrive parfois que les constatati­ons de l’Organe d’appel portent sur des questions qui ne sont pas directemen­t liées aux questions soulevées par les parties, fait remarquer Didier Chambovey. Nous proposons que cette instance se limite à statuer sur ce qui est strictemen­t nécessaire au règlement du conflit.» Réformes globales

Les réactions américaine­s à ces propositio­ns seront connues le 12 décembre lorsque celles-ci seront débattues au sein du Conseil général de l’OMC. Il faut dire que les EtatsUnis exigent non seulement de revoir le fonctionne­ment de la cour d’appel, mais de l’ensemble de l’organisati­on. «A ce propos, un groupe de réflexion mené par le Canada a été mis sur pied, rappelle l’ambassadeu­r suisse. Une première réunion a eu lieu fin novembre à Ottawa, mais les propositio­ns concrètes ne sont pas encore sous toit.»

Les Etats réformateu­rs proposent que le délai de 90 jours pour prononcer un verdict soit strictemen­t respecté

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