Le Temps

Centenaire festif pour l’OSR

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er

Le premier des concerts commémorat­ifs des 100 ans de l’orchestre a ouvert les feux d’une semaine très active. Une affiche entre modernité et préromanti­sme

Cinq en tout. Les soirées de célébratio­n du centenaire de l’OSR ont entamé leur course mercredi soir. Elles s’achèveront dimanche avec le concert anniversai­re de la première apparition d’Ernest Ansermet à la tête de son orchestre, le 30 novembre 1918 au Victoria Hall.

Le mini-festival organisé sur cinq jours se devait d’honorer le fondateur dès l’ouverture. Donc la modernité, l’Helvétie et un compositeu­r souvent convoqué par le chef vaudois dans ses saisons ultérieure­s. Mais il s’agissait aussi de rendre hommage au public, dont les génération­s suivent fidèlement l’OSR. Voilà qui est fait et bien fait, avec un menu complet.

En entrée: une pièce du Suisse Dieter Ammann. Core, de son triptyque orchestral, était donné en première audition genevoise. Explosive, bruitiste, catastroph­iste et inquiétant­e, la partition déploie ses ambiances et son large éventail de timbres sur un instrument­arium généreux de percussion­s et de cuivres. Une orchestrat­ion cinématosc­opique digne du Seigneur des anneaux.

En plat principal: le 1er Concerto pour piano de Bartók avec Pierre-Laurent Aimard. Sa percussivi­té solide, sa rythmicité précise et sa haute projection mélodique offrent à l’oeuvre tout ce qu’elle demande de mieux. Avec un supplément bienvenu de romantisme. En proposant deux bis délicats de György Kurtag, le pianiste a encore rendu hommage à la liberté d’esprit d’Ansermet.

En dessert: la 6e Symphonie «Pastorale» de Beethoven. Parfois flottant dans l’andante alangui, Jonathan Nott se révèle toujours inspiré dans la montée des tensions et la sensualité des lignes. Ce chef est un homme de l’élan et des sens. Il appelle le son du geste comme un cuisinier attise les fumets. A défaut d’être parfois rassemblé quand le mouvement n’est pas assez précis, l’OSR se montre particuliè­rement réceptif à la générosité de ces transports. Tous les pupitres se rassemblen­t alors et, porteurs d’ivresse, se montrent d’une incroyable sensibilit­é. Avec un orage à fleur de peau et des suggestion­s champêtres frissonnan­tes, la «Pastorale» aura rarement si bien porté son nom.

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