Centenaire festif pour l’OSR
Le premier des concerts commémoratifs des 100 ans de l’orchestre a ouvert les feux d’une semaine très active. Une affiche entre modernité et préromantisme
Cinq en tout. Les soirées de célébration du centenaire de l’OSR ont entamé leur course mercredi soir. Elles s’achèveront dimanche avec le concert anniversaire de la première apparition d’Ernest Ansermet à la tête de son orchestre, le 30 novembre 1918 au Victoria Hall.
Le mini-festival organisé sur cinq jours se devait d’honorer le fondateur dès l’ouverture. Donc la modernité, l’Helvétie et un compositeur souvent convoqué par le chef vaudois dans ses saisons ultérieures. Mais il s’agissait aussi de rendre hommage au public, dont les générations suivent fidèlement l’OSR. Voilà qui est fait et bien fait, avec un menu complet.
En entrée: une pièce du Suisse Dieter Ammann. Core, de son triptyque orchestral, était donné en première audition genevoise. Explosive, bruitiste, catastrophiste et inquiétante, la partition déploie ses ambiances et son large éventail de timbres sur un instrumentarium généreux de percussions et de cuivres. Une orchestration cinématoscopique digne du Seigneur des anneaux.
En plat principal: le 1er Concerto pour piano de Bartók avec Pierre-Laurent Aimard. Sa percussivité solide, sa rythmicité précise et sa haute projection mélodique offrent à l’oeuvre tout ce qu’elle demande de mieux. Avec un supplément bienvenu de romantisme. En proposant deux bis délicats de György Kurtag, le pianiste a encore rendu hommage à la liberté d’esprit d’Ansermet.
En dessert: la 6e Symphonie «Pastorale» de Beethoven. Parfois flottant dans l’andante alangui, Jonathan Nott se révèle toujours inspiré dans la montée des tensions et la sensualité des lignes. Ce chef est un homme de l’élan et des sens. Il appelle le son du geste comme un cuisinier attise les fumets. A défaut d’être parfois rassemblé quand le mouvement n’est pas assez précis, l’OSR se montre particulièrement réceptif à la générosité de ces transports. Tous les pupitres se rassemblent alors et, porteurs d’ivresse, se montrent d’une incroyable sensibilité. Avec un orage à fleur de peau et des suggestions champêtres frissonnantes, la «Pastorale» aura rarement si bien porté son nom.
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