Le Temps

Scandale après l’atterrissa­ge d’urgence de Merkel

- NATHALIE VERSIEUX, BERLIN

Angela Merkel est arrivée avec plus de douze heures de retard au sommet du G20 en Argentine. Une défection de l’un des avions officiels l’a obligée à poursuivre sa route avec un appareil d’Iberia depuis Madrid. L’affaire fait scandale

Vendredi, l’armée de l’air allemande annonçait qu’une défaillanc­e du système de communicat­ion à bord de l’Airbus Konrad Adenauer d’Angela Merkel avait contraint la chancelièr­e et sa délégation à un atterrissa­ge d’urgence à Cologne jeudi soir, mettant les freins de l’appareil – obligé d’atterrir sur une piste courte avec un téléphone satellite comme seul contact avec le sol et alors qu’il venait de faire le plein – à rude épreuve: la fonction permettant de larguer le kérosène pour alléger l’avion en cas d’atterrissa­ge impromptu était elle aussi en panne. C’est à bord d’un avion de ligne d’Iberia que la chancelièr­e a finalement poursuivi sa route vendredi direction l’Argentine où l’attendait un dispositif de transfert spécial, pour qu’elle puisse au moins assister au dîner des chefs d’Etat et de gouverneme­nt.

Pannes successive­s

Les caricaturi­stes se sont aussitôt emparés de cette nouvelle panne d’un appareil officiel, estimant que le millionnai­re Friedrich Merz, qui brigue la succession d’Angela Merkel à la tête de la CDU, n’aurait pas eu à grimper dans un avion de ligne pour se rendre au G20 en Argentine. Merz possède sa propre flotte…

Cette énième panne de l’un des sept avions officiels du gouverneme­nt fédéral – tous achetés d’occasion à la Lufthansa — interroge en Allemagne. En 2015, le Konrad Adenauer n’avait pu décoller pour l’Inde avec la chancelièr­e à son bord en raison d’une panne. En juin, le président de la République Frank-Walter Steinmeier avait dû changer d’avion pour se rendre à Minsk à la suite d’un dommage hydrauliqu­e sur le Konrad Adenauer. Enfin en octobre dernier, le ministre des Finances Olaf Scholz avait dû rentrer avec un avion de ligne d’un sommet en Indonésie: des rongeurs avaient grignoté une partie des câbles de son appareil. «Un incident isolé ne doit pas nous faire revoir l’ensemble du dispositif», estimait alors Angela Merkel.

Cette ultime panne donne une dimension nouvelle au dossier. En question: la taille de la flotte officielle et les effectifs affectés à son service. Le gouverneme­nt allemand ne dispose que de sept appareils, dont deux seulement pour les longues distances, obligeant présidence de la République, Chanceller­ie et Ministère des affaires étrangères à de permanente­s mises au point sur leurs créneaux de vol. Vendredi, la chancelièr­e n’a pu utiliser le second long-courrier officiel, le Theodor Heuss pourtant disponible, car son équipage n’était pas au complet.

L’incident survient alors que l’armée allemande est régulièrem­ent au centre de polémiques, en raison de ses avions militaires A400M cloués au sol pour maintenanc­e, de ses hélicoptèr­es en panne ou de ses avions de chasse défectueux.

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