«Nous avons vécu deux ans entiers comme assignés à résidence»
qu’elle développe. Mais à l’image des coeurs et des bâtiments, le paysage culturel syrien est, lui aussi, dévasté. «Cette histoire pourrait toucher les gens, mais il n’y a plus de tradition culturelle à laquelle se rattacher.» Ceux qui sont restés sont souvent inexpérimentés. A l’en croire, Homs est aujourd’hui un «néant» question échange d’expériences, débat public, partage d’idées… Alors que ses proches et sa famille ont quitté le pays, l’architecte ne regrette pas d’y être restée. «Les risques en partant n’étaient pas moindres qu’en restant. Nous ne voulions pas d’une vie de migrants», affirme-t-elle. Ses enfants n’ont jamais manqué l’école, ou alors les parents s’obligeaient mordicus à continuer leur formation à la maison. Mais pas d’internet pour eux et, donc, pas de vidéos et de scènes de guerre: «La nouvelle génération syrienne a été soit négligée, soit traumatisée. C’est l’un des problèmes énormes qui attendent le pays.»
Dans son livre, l’architecte esquisse des croquis d’une sorte de cité idéale, dessinée pour les besoins de ses habitants, où les communautés s’entremêlent, où se reflète la tradition architecturale locale loin des clichés et des copies orientalistes en carton-pâte. La réconciliation et la justice, elle n’y croit guère, du moins dans un avenir proche. «Comment voulez-vous que la justice soit rendue pour les millions de crimes qui ont été commis? Ce que nous devons faire aujourd’hui, c’est établir les bases d’une société juste pour l’avenir. Si nous prenons conscience que nous devons résoudre nos problèmes nous-mêmes, nous trouverons les moyens d’y collaborer ensemble.» Foi d’architecte.
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