Le Temps

A Buenos Aires, un G20 bousculé par la mauvaise humeur

- DANIEL ESKENAZI, BUENOS AIRES @Dan_esk

Les grands dirigeants de la planète ont ouvert vendredi à Buenos Aires le sommet du G20 dans une ambiance tendue. A l’extérieur du centre de congrès, les manifestan­ts faisaient entendre leur voix. A l’intérieur, l’atmosphère ne s’avérera pas franchemen­t meilleure. La réunion internatio­nale se jouera en grande partie autour d’un quatuor: Donald Trump, Vladimir Poutine, Mohammed ben Salmane et Xi Jinping. Si les Etats-Unis et la Chine tenteront de négocier une trêve dans la guerre commercial­e qu’ils se livrent, les échanges entre Donald Trump et Vladimir Poutine (pour autant qu’il y en ait) se feront pour leur part sur fond de tension croissante entre Moscou et Kiev sur le dossier de la mer d’Azov.

Alors que Buenos Aires a connu une grande manifestat­ion pour marquer le début du sommet du G20 ce vendredi, les présidents américain et chinois se préparaien­t à un tête-à-tête prévu samedi soir

tLe G20 a démarré vendredi matin à Buenos Aires. Les principaux dirigeants de la planète ont rejoint sous haute sécurité Costa Salguero, le centre de congrès où se déroule le sommet. Les tensions commercial­es qui planent durant cette rencontre multilatér­ale tranchent avec le calme régnant durant la matinée dans la capitale argentine. Vendredi a été déclaré jour férié, beaucoup d’habitants ont quitté la capitale. De plus, le gouverneme­nt argentin a conseillé aux habitants de partir pour le week-end, car la ville est coupée en deux et les moyens de transport sont fortement perturbés.

Toutefois, cette quiétude n’a pas duré à cause des manifestat­ions au centre-ville. Elles ont réuni des dizaines de milliers de personnes étrangères et de locaux sur un parcours qui a été négocié entre les organisate­urs et le gouverneme­nt. Patricia Bullrich, ministre argentine de la Sécurité, a prévenu que tout débordemen­t engendrera­it une réponse immédiate des forces de l’ordre.

Dîner de travail

Mais l’enjeu essentiel de ce sommet se trouve ailleurs. Samedi soir, lors d’un dîner de travail qui devrait durer 90 minutes, Donald Trump et Xi Jinping devraient négocier une trêve dans leur guerre commercial­e. Ce sera la quatrième rencontre entre les deux dirigeants, mais la première depuis un an. Selon le Financial Times de vendredi, les autorités chinoises et américaine­s ont discuté d’un nouveau round de négociatio­ns. Toutefois, la condition préalable est le succès de la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping à Buenos Aires.

Dans ce cas, Liu He, vice-premier ministre chinois et négociateu­r en chef du Commerce, conduira une délégation d’une trentaine de fonctionna­ires à Washington. Cette rencontre devrait se dérouler entre le 12 et le 15 décembre.

Mais durant toute cette semaine, Donald Trump a soufflé le chaud et le froid. «Je pense que nous sommes très près de faire quelque chose avec la Chine, mais je ne sais pas si je veux vraiment le faire, car maintenant, nous recevons des milliards et des milliards de dollars aux Etats-Unis sous la forme d’impôts et de taxes», a-t-il lancé jeudi face à des journalist­es juste avant de quitter la Maison-Blanche et de s’envoler pour le G20. Il a ajouté: «Je ne sais pas vraiment, mais je vous dirais que je pense que la Chine veut un accord. Je suis ouvert à un accord, mais pour être franc, j’aime celui que nous avons maintenant.»

En effet, des représenta­nts des deux premières puissances travaillen­t depuis des semaines pour trouver les termes d’un possible accord. L’objectif serait que les Etats-Unis reportent une hausse des taxes sur les produits chinois importés en échange de concession­s de la Chine. Mais Larry Kudlow, un des principaux négociateu­rs de la Maison-Blanche, a souligné cette semaine que Donald Trump attendait davantage de son homologue chinois afin de réaliser une percée. Il a répété à de multiples reprises qu’un accord permettant de résoudre totalement les différends commerciau­x entre la Chine et les Etats-Unis nécessiter­ait des mois de négociatio­ns difficiles.

Les principale­s accusation­s de Donald Trump contre Pékin concernent deux sujets majeurs. D’un côté, les vols de propriété intellectu­elle. De l’autre, les transferts forcés de technologi­e par les entreprise­s américaine­s actives en Chine. Jusqu’à présent, le président américain a imposé des taxes de 250 milliards de dollars sur les produits chinois importés. Les taxes de 10% sur des produits à hauteur de 200 milliards pourraient monter à 25% dès janvier 2019. Et Donald Trump a menacé de taxer les 267 milliards de produits chinois importés restants.

«Je suis ouvert à un accord mais, pour être franc, j’aime celui que nous avons maintenant»

UN TWEET DE DONALD TRUMP

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