Regards sur les 20 ans du «Temps» à travers cinq courts métrages de l’ECAL
A l’occasion de ses 20 ans, «Le Temps» a ouvert sa rédaction à cinq étudiants et diplômés en cinéma de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. Les cinq films qu’ils ont réalisés durant l’été sont dévoilés ce mardi à Pully
Durant l’été, cinq étudiants et diplômés en cinéma de l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne) ont eu carte blanche pour réaliser cinq courts métrages en lien avec le journalisme et les différents métiers qui entourent la production d’un quotidien. Une initiative portant le label «créativité suisse», une des sept causes défendues cette année par Le Temps à l’occasion de ses 20 ans. Entre documentaire, fiction et essai, le résultat incarne au final une belle diversité de regards, telle que prônée par les écoles d’art.
Avant d’être visibles en ligne, ces cinq films seront projetés ce mardi en avant-première au cinéma City Club, à Pully, lors d’une soirée qui sera suivie d’un débat et du vernissage de l’ouvrage ECAL Cinéma 2018. Leurs auteurs reviennent sur cette aventure singulière. Mariame Balde,
«20 ans d’actualité avec Chappatte»
«Ce qui m’a le plus marquée en entrant dans la rédaction du Temps, c’est l’idée d’être entourée de personnes dont le travail est rythmé par l’actualité. La vie d’un journal est constituée de petites et de plus grandes unités qui doivent, pour faire court, «digérer» l’information du monde pour la transmettre. C’est assez vertigineux! En y passant plus de temps, je suis certaine que j’aurais pu assister à des moments d’ébullition, avec des débats animés concernant les articles et leurs contenus, à des moments de fatigue et de doute… Pour mon projet, j’ai eu envie de rencontrer Patrick Chappatte, dont j’admire le travail. Avec lui, j’ai voulu remonter le temps – sans mauvais jeu de mots – à travers vingt ans de dessins de presse pour Le Temps.»
Adèle Beaulieu, «Proscenium»
«Dans mon film, les élèves comédiens sont des élèves comédiens, les journalistes des journalistes, mais tous «jouent». Dans un journal, on travaille sur l’actualité, il faut rendre un article avec un début et une fin. Ici, on ne s’arrête pas sur un sujet précis, on tente l’expérience de capter un moment de partage de points de vue, sans temporalité, sans début et sans fin, avec juste un fil qui est le théâtre. Nous avons tourné des heures de débats, de discussions animées, drôles souvent, ridicules parfois. J’aurais pu réaliser 15 films différents avec les rushes, peutêtre que les journalistes auraient pu écrire 15 articles différents. Le résultat n’est ni un
«La confrontation entre le protagoniste – joué par un acteur – et les vrais journalistes a été au centre de ma démarche» NIKITA MERLINI, RÉALISATEUR
documentaire ni une fiction, juste un moment suspendu dans Le Temps.»
Nikita Merlini, «Mes mots»
«Mes visites à la rédaction du Temps avant le tournage ne m’ont montré que la surface d’un monde qui nécessiterait plus de temps pour être compris dans tous ses mécanismes. Durant l’écriture du scénario, je me suis ainsi senti plus à l’aise en adoptant le point de vue d’un stagiaire. La confrontation entre le protagoniste – joué par un acteur – et les vrais journalistes a été au centre de ma démarche. Mélanger ces deux éléments a caractérisé la manière de tourner. La scène où le chef d’édition présente le journal du lendemain devant «le mur» tient par exemple du documentaire. Ce moment, très loin de ma réalité, révèle mon émerveillement et celui du personnage face à des dynamiques qui appartiennent à un univers inconnu.»
Sayaka Mizuno, «Sans titre»
«La fermeture du centre d’impression d’Adligenswil, dans la campagne lucernoise, est prévue pour la fin de l’année. A travers ce film court, j’ai voulu documenter les lieux une dernière fois, filmer les employés au travail et les imposantes rotatives en activité. J’ai ainsi pu me rendre compte de toutes les étapes de la création d’un journal. Depuis le tournage, je mets des visages et des gestes sur ces pages imprimées, je revois le processus, des bobines de papier encore blanches aux premiers jets d’encre, avant qu’apparaissent les articles et les illustrations. Même si Le Temps reste un journal papier, ce projet m’a fait réaliser ce qu’implique, pour le secteur de l’imprimerie, la transition vers le numérique.» Lou-Théa Papaloïzos, «Les muses»
«Cette expérience a été très enrichissante dʼun point de vue personnel et professionnel. Du fait que certaines des correctrices étaient réticentes à lʼidée dʼêtre filmées et de témoigner, le tournage sʼest avéré parfois délicat. J’ai dû faire preuve de discrétion afin de parvenir à créer un cadre intime propice à la discussion. Je dirais que la difficulté principale a été de tourner seule; sachant la quantité de détails à gérer, ce nʼétait pas évident. Les quelques correctrices avec lesquelles jʼai pu échanger ont été à lʼécoute, patientes et prêtes à partager avec enthousiasme leurs réflexions, questionnements et anecdotes sur leur métier. Jʼai été énormément touchée par la douceur, la générosité, le courage et lʼintelligence de ces femmes qui font vivre le journal.» ▅