Le Temps

Le départ du conseiller d’Etat vaudois annonce une période agitée

- YAN PAUCHARD t @YanPauchar­d

L’élection de Pierre-Yves Maillard à l’USS va provoquer une complément­aire à quelques mois seulement des élections fédérales. Elle aiguise notamment les appétits de la droite, avide de reprendre la majorité au Conseil d’Etat

Avec l’élection du socialiste Pierre-Yves Maillard samedi à la présidence de l’Union syndicale suisse (USS), c’est une ère d’incertitud­es qui s’ouvre pour son canton. Le départ de ce poids lourd du Conseil d’Etat, où, avec Pascal Broulis, il a longtemps incarné le fameux «compromis dynamique» à la vaudoise, marque la fin d’un cycle. Autant qu’il lance une année électorale intense avec les élections fédérales de l’automne prochain, ainsi qu’une, voire deux élections complément­aires. Candidate au Conseil national, la PLR Jacqueline de Quattro quittera également le gouverneme­nt cantonal en 2019 en cas d’élection à Berne.

Si la stratégie du Parti socialiste vaudois (PSV) est claire, défendre son siège, celle de la droite se révèle au contraire un casse-tête. Le retrait de PierreYves Maillard, figure tutélaire de la gauche, aiguise les appétits du camp bourgeois, qui entraperço­it la possibilit­é de reprendre la majorité au Conseil d’Etat perdue en 2011 à la suite du décès de l’UDC Jean-Claude Mermoud.

Rebecca Ruiz favorite

Mais si tout le monde s’accorde sur le fait qu’une telle complément­aire dans un canton structurel­lement à droite représente une occasion de reprendre le siège à la gauche, personne ne s’entend sur la meilleure stratégie pour y parvenir. Beaucoup de questions restent en suspens. Absente du Conseil d’Etat, l’UDC vaudoise est néanmoins «dans les starting-blocks», selon la formule de son président, Jacques Nicolet: «Nous sommes le troisième parti du canton, il est légitime que nous ayons un siège.»

La difficulté de l’UDC est de trouver la personnali­té capable de fédérer la droite, dans un contexte où les électeurs PLR rechignent à soutenir le candidat d’un parti qui défend l’isolement du pays au niveau suisse. Et l’alliance entre les deux grandes formations de droite est indispensa­ble pour ravir le siège au Parti socialiste, qui pourrait lancer la conseillèr­e nationale Rebecca Ruiz, favorite, dans la bataille.

Dans ces conditions, pour Jacques Nicolet, la meilleure stratégie serait une complément­aire à deux, ce «qui permettrai­t de déposer une liste PLRUDC et de rassembler les forces». Mais pour cela, l’un des trois magistrats PLR devrait calquer son départ sur celui de Pierre-Yves Maillard, prévu entre mai et juin 2019. Cette hypothèse a fait monter la pression sur Jacqueline de Quattro, mais celle-ci a affirmé vendredi dans 24 heures qu’elle ne quitterait pas le gouverneme­nt avant les élections fédérales. La question d’une éventuelle démission en cours de mandat de Pascal Broulis ou de Philippe Leuba, en fonction respective­ment depuis seize ans et onze ans, pourrait dès lors également se poser.

«Tous les scenarii ouverts»

«Nous travaillon­s depuis un moment sur plusieurs pistes, confirme Alexandre Berthoud, le vice-président du PLR vaudois. Mais pour l’heure, tous les scenarii restent ouverts.» Il ne veut pas trop en dire. Une réunion du comité directeur est prévue ces prochains jours pour évoquer la question. C’est la même retenue auprès du PSV: sa présidente, Jessica Jaccoud, souhaite attendre le congrès convoqué pour ce mardi avant de communique­r. Seule certitude, ces prochaines semaines vont être intensives dans les états-majors des partis. L’élection de Pierre-Yves Maillard a sifflé le début des hostilités.

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