Guerre commerciale: des doutes subsistent sur la trêve sino-américaine
Donald Trump et Xi Jinping se sont donné 90 jours pour parvenir à un accord global. Les bourses ont salué l’annonce. Mais des analystes prévoient déjà des rebondissements
Les places financières mondiales ont apprécié la trêve de 90 jours négociée entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping samedi soir en marge du sommet du G20 à Buenos Aires. D’abord en Asie, puis en Europe et aux Etats-Unis, les bourses étaient orientées à la hausse. Il n’empêche. Des doutes subsistent sur l’accord sino-américain, ce qui a freiné la tendance haussière. L’indice Euro Stoxx 50 a clôturé en hausse de 1,31% à 3214,99 points. Selon Thomas Costerg, économiste senior chez Pictet Wealth Management à Genève, «le fait qu’il n’y a pas eu de communiqué commun à l’issue de la rencontre montre clairement l’existence de divergences».
Dimanche soir, un tweet posté par le président américain a encore créé la confusion. Donald Trump a annoncé que le président chinois s’était engagé à réduire, puis abolir les droits de douane sur les voitures importées. Cette annonce a galvanisé les actions automobiles ainsi que celles des compagnies minières lundi matin. Cet été, Pékin avait augmenté la taxe de 15 à 40%, comme mesure de rétorsion aux surtaxes américaines sur les produits importés de Chine. Mais lors d’un point de presse lundi matin, le porte-parole du gouvernement chinois n’a pas confirmé que les tarifs douaniers sur les voitures allaient être réduits.
Accord bienvenu, mais…
Pour Thomas Costerg, l’accord de samedi est certainement bienvenu, mais il ne traite que des sujets faciles qui peuvent donner des résultats visibles à court terme, comme la promesse d’importations de soja américain. «Il passe à côté des problèmes de fond, notamment concernant la planification industrielle de la Chine, et surtout pour les industries technologiques d’avenir», analyse-t-il.
Le scénario de Pictet Wealth Management pour ces prochains mois est simple: l’accord retarde l’échéance, mais le risque de droits de douane supplémentaires reste bien réel. Au final, selon Thomas Costerg, il pourrait bien y en avoir davantage après mars 2019 car il est difficile de voir un deal global avec la Chine d’ici là.
Esty Dwek, stratège chez Natixis Investment Managers, va dans le même sens. «Même si la trêve est un développement encourageant, beaucoup de différends restent à régler avant qu’un deal définitif soit envisageable, ce qui sous-entend de la volatilité autour du sujet dans les semaines à venir, pronostique-t-elle. Nous pensons qu’un apaisement des tensions est un pas important pour soulager les marchés et réduire les craintes sur la croissance mondiale en 2019. Mais nous nous attendons tout de même à des rebondissements pendant ces négociations plutôt qu’une période de discussions tranquilles.»
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