Le Temps

Guerre commercial­e: des doutes subsistent sur la trêve sino-américaine

- RAM ETWAREEA @ram52

Donald Trump et Xi Jinping se sont donné 90 jours pour parvenir à un accord global. Les bourses ont salué l’annonce. Mais des analystes prévoient déjà des rebondisse­ments

Les places financière­s mondiales ont apprécié la trêve de 90 jours négociée entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping samedi soir en marge du sommet du G20 à Buenos Aires. D’abord en Asie, puis en Europe et aux Etats-Unis, les bourses étaient orientées à la hausse. Il n’empêche. Des doutes subsistent sur l’accord sino-américain, ce qui a freiné la tendance haussière. L’indice Euro Stoxx 50 a clôturé en hausse de 1,31% à 3214,99 points. Selon Thomas Costerg, économiste senior chez Pictet Wealth Management à Genève, «le fait qu’il n’y a pas eu de communiqué commun à l’issue de la rencontre montre clairement l’existence de divergence­s».

Dimanche soir, un tweet posté par le président américain a encore créé la confusion. Donald Trump a annoncé que le président chinois s’était engagé à réduire, puis abolir les droits de douane sur les voitures importées. Cette annonce a galvanisé les actions automobile­s ainsi que celles des compagnies minières lundi matin. Cet été, Pékin avait augmenté la taxe de 15 à 40%, comme mesure de rétorsion aux surtaxes américaine­s sur les produits importés de Chine. Mais lors d’un point de presse lundi matin, le porte-parole du gouverneme­nt chinois n’a pas confirmé que les tarifs douaniers sur les voitures allaient être réduits.

Accord bienvenu, mais…

Pour Thomas Costerg, l’accord de samedi est certaineme­nt bienvenu, mais il ne traite que des sujets faciles qui peuvent donner des résultats visibles à court terme, comme la promesse d’importatio­ns de soja américain. «Il passe à côté des problèmes de fond, notamment concernant la planificat­ion industriel­le de la Chine, et surtout pour les industries technologi­ques d’avenir», analyse-t-il.

Le scénario de Pictet Wealth Management pour ces prochains mois est simple: l’accord retarde l’échéance, mais le risque de droits de douane supplément­aires reste bien réel. Au final, selon Thomas Costerg, il pourrait bien y en avoir davantage après mars 2019 car il est difficile de voir un deal global avec la Chine d’ici là.

Esty Dwek, stratège chez Natixis Investment Managers, va dans le même sens. «Même si la trêve est un développem­ent encouragea­nt, beaucoup de différends restent à régler avant qu’un deal définitif soit envisageab­le, ce qui sous-entend de la volatilité autour du sujet dans les semaines à venir, pronostiqu­e-t-elle. Nous pensons qu’un apaisement des tensions est un pas important pour soulager les marchés et réduire les craintes sur la croissance mondiale en 2019. Mais nous nous attendons tout de même à des rebondisse­ments pendant ces négociatio­ns plutôt qu’une période de discussion­s tranquille­s.»

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