Le Temps

Pour Michel Polnareff, la boucle est (enfin!) bouclée

- FLORIAN DELAFOI @floriandel

La star française assure la promotion de son nouvel album «Enfin!», après vingt-huit ans d’attente. Une opération bourrée de maladresse­s. Les internaute­s font part de leur agacement

Les boucles d’or ont disparu. Michel Polnareff a désormais une chevelure lisse et rouge sur les pointes. Une nouvelle apparence pour assurer la promotion de son dernier album Enfin!. Après vingt-huit ans d’attente, l’ancienne gloire française fait preuve d’autodérisi­on pour son grand retour. Sa nouvelle création suscite toutefois un léger malaise. Il suffit de parcourir la presse pour mesurer l’ampleur de la gêne. «Daté et pompeux», lâche Télérama; un album «décevant», ajoute Le Soir, «une des pochettes les plus hideuses de l’ère moderne», tranche Le Monde. Le cadenas ouvert sur fond bleu ne convainc personne.

Pour Libération, l’album oscille entre le «what the fuck et le grandiose». Tout n’est pas à jeter donc. Le quotidien raconte sa tentative de conversati­on téléphoniq­ue avec Michel Polnareff, au beau milieu de la nuit. Au cours de cet entretien, le mélodiste est un peu ronchon. Les questions ne lui conviennen­t pas, et il le fait savoir. «Il est presque 4h, Polnareff nous a raccroché au nez après vingt-huit ans d’absence et seulement onze minutes d’interview. Mais enfin!» conclut Christophe Conte. La star coupe le sifflet au journalist­e de Libé, tandis qu’il s’épanche dans le journal télévisé de France 2, en duplex de Las Vegas. Au point de décontenan­cer le présentate­ur vedette Laurent Delahousse. Attentat à la pudeur

Le journalist­e lui pose une question sur la célèbre affiche de son spectacle à l’Olympia Polnarévol­ution, sur laquelle il exhibe son arrière-train. Une photograph­ie qui a choqué la France des années 1970. «Je suis passé en correction­nelle pour attentat à la pudeur, et maintenant on me demande l’autorisati­on pour pouvoir la montrer», plaisante-t-il. Avant de lancer une petite pique aux équipes du 20 heures: «Ce que vous n’avez pas fait d’ailleurs…» A la suite de cette remarque, Laurent Delahousse reste un moment interdit. Mais il se reprend.

Il interroge également le chanteur rebelle sur l’état du monde. «Quel est l’homme politique qui vous a le plus marqué?» Réponse: Vladimir Poutine, «un chef d’Etat qu’on comprend», et Donald Trump, qu’on ne «sent pas dans une tour d’ivoire». Mais attention, il ne voue pas un culte au président américain. «Je ne dis pas qu’il est parfait, je n’aime pas son attitude par rapport à l’avenir de la planète», affirme-t-il. Son album comporte une chanson intitulée Terre Happy. Critique vache de Libération: «un texte cucul-la-betterave sur l’écologie». Bon. La promotion, à l’image de l’album, est un peu brouillonn­e.

Plusieurs internaute­s lui font d’ailleurs gentiment la remarque. «Michel, tu es un formidable musicien, un showman et l’un de nos meilleurs mélodistes. Mais tes analyses politiques à l’emporte-pièce ne valent pas tripette. Ne te ridiculise pas. Continue à faire de la musique. Rien que de la musique.» L’artiste, qui communique beaucoup avec ses fans connectés, s’est empressé de répondre à ce tweet, jeu de mots bancal inclus. «Je suis parfaiteme­nt apolitique, pas vous, et je réponds aux questions qui me sont posées ou suggérées. Je m’intéresse aux hommes, pas à leurs parti(es)s. Amicalemen­t.» «Tu es trop brillant!»

Loin de la France, Michel Polnareff apporte son soutien aux «gilets jaunes». Il parle de cette colère sociale dans Le Parisien, alors qu’il pose au milieu des casinos scintillan­ts de Las Vegas. «Je suis très respectueu­x de leur cause», souligne-t-il. Inattendue, sa réaction fait grincer des dents. Certains internaute­s le renvoient à ses problèmes fiscaux du passé.

Cet accueil mitigé froisse l’artiste. Il se confie sans fard sur Twitter: «Je suis extrêmemen­t attristé par beaucoup de commentair­es qui, s’ils ont voulu atteindre ma sensibilit­é, je leur confirme qu’ils ont réussi. Je m’étendrai plus tard et plus détaillé ce dont on parle. Bonne nuit.» [sic] L’Amiral a, dans son sillage, une éternelle communauté d’admirateur­s: «Ne laisse personne atténuer ta lumière parce que tu es trop brillant!» Il a retweeté ce message plein d’amour.

Michel Polnareff en concert à Nice, en novembre 2016.

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(VALERY HACHE/AFP)

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