Renaissance préfère les PME matures aux jeunes pousses
Alors que de nombreux fonds scrutent le potentiel des start-up pour décrocher le jackpot, la fondation Renaissance parie au contraire sur les entreprises non cotées mais déjà établies. Cette approche cible les avoirs des caisses de pension
tDans un monde de l’investissement remis au pas par les réglementations, plombé par des taux d’intérêt historiquement bas, miné par les incertitudes macroéconomiques, la concurrence s’intensifie sur le front du non coté. Plus de 1000 milliards de dollars attendent d’être investis par les gérants en capital-risque dans les jeunes pousses susceptibles de leur décrocher la timbale. Dans cette même quête de rendement, la fondation Renaissance mise non pas sur les start-up, mais sur les entreprises dites matures. Autrement dit, celles dont l’historique présente une santé financière pérenne.
«Cela permet d’atteindre un rendement de 10 à 12% avec une prise de risque limitée», souligne lundi son directeur associé Christian Waldvogel, en marge de son assemblée annuelle des investisseurs. La fondation de placement n’investit que dans des PME non cotées qui sont déjà profitables et se trouvent dans une phase de transformation nécessitant un financement. «Généralement dans le cadre d’une succession ou d’un rachat par leur direction», poursuit Christian Waldvogel. Une situation qui va concerner une entreprise sur cinq d’ici à 2021, selon une étude de Credit Suisse.
«Nous investissons dans des PME en quête de financement pour leur succession ou leur rachat par la direction»
Les caisses de pension dans le viseur
Ce profil risque-rendement cible clairement les 1000 milliards d’avoirs sous gestion des fonds de pension helvétiques. «A ce jour, elles sont 45 caisses publiques et privées à avoir investi 400 millions de francs. Avec une part grandissante d’institutions alémaniques», précise Christian Waldvogel.
L’attrait pour cette manne a déjà donné naissance à plusieurs projets de fonds de croissance, émanant principalement des hautes sphères politiques, notamment le Zukunftsfonds, mais qui peinent à convaincre les institutions de prévoyance. En quoi la stratégie de Renaissance serait-elle plus convaincante? «Outre un ratio risque-rendement limité et donc en adéquation avec les attentes des caisses de pension, nous pouvons attester d’une expérience de vingt ans dans le domaine, contrairement à toutes ces nouvelles structures.»
Une stratégie sur le long terme
La fondation de placement mise par ailleurs sur un type de placement appelé «evergreen», un terme emprunté à la botanique qui signifie persistant. «A l’inverse de ce qui se fait habituellement dans le private equity, il n’arrive pas à maturité à une date précise. Il peut donc exister indéfiniment. L’obligation de vendre toutes les participations à la clôture du fonds ne s’applique pas», note Christian Waldvogel. Une stratégie de placement qui correspond parfaitement à la philosophie du long terme des caisses de pension, selon lui.
Quid des frais élevés que ce type de gestion spécifique entraîne – généralement de 2% de frais de gestion, auxquels s’ajoutent 20%, rémunérés sur la performance (différence entre le prix d’achat et le prix de vente de la société)? «Notre structure evergreen permet de réduire de moitié les frais de gestion aux normes appliquées traditionnellement dans le private equity», conclut Christian Waldvogel.