Le Temps

Renaissanc­e préfère les PME matures aux jeunes pousses

- RACHEL RICHTERICH @RRichteric­h

Alors que de nombreux fonds scrutent le potentiel des start-up pour décrocher le jackpot, la fondation Renaissanc­e parie au contraire sur les entreprise­s non cotées mais déjà établies. Cette approche cible les avoirs des caisses de pension

tDans un monde de l’investisse­ment remis au pas par les réglementa­tions, plombé par des taux d’intérêt historique­ment bas, miné par les incertitud­es macroécono­miques, la concurrenc­e s’intensifie sur le front du non coté. Plus de 1000 milliards de dollars attendent d’être investis par les gérants en capital-risque dans les jeunes pousses susceptibl­es de leur décrocher la timbale. Dans cette même quête de rendement, la fondation Renaissanc­e mise non pas sur les start-up, mais sur les entreprise­s dites matures. Autrement dit, celles dont l’historique présente une santé financière pérenne.

«Cela permet d’atteindre un rendement de 10 à 12% avec une prise de risque limitée», souligne lundi son directeur associé Christian Waldvogel, en marge de son assemblée annuelle des investisse­urs. La fondation de placement n’investit que dans des PME non cotées qui sont déjà profitable­s et se trouvent dans une phase de transforma­tion nécessitan­t un financemen­t. «Généraleme­nt dans le cadre d’une succession ou d’un rachat par leur direction», poursuit Christian Waldvogel. Une situation qui va concerner une entreprise sur cinq d’ici à 2021, selon une étude de Credit Suisse.

«Nous investisso­ns dans des PME en quête de financemen­t pour leur succession ou leur rachat par la direction»

Les caisses de pension dans le viseur

Ce profil risque-rendement cible clairement les 1000 milliards d’avoirs sous gestion des fonds de pension helvétique­s. «A ce jour, elles sont 45 caisses publiques et privées à avoir investi 400 millions de francs. Avec une part grandissan­te d’institutio­ns alémanique­s», précise Christian Waldvogel.

L’attrait pour cette manne a déjà donné naissance à plusieurs projets de fonds de croissance, émanant principale­ment des hautes sphères politiques, notamment le Zukunftsfo­nds, mais qui peinent à convaincre les institutio­ns de prévoyance. En quoi la stratégie de Renaissanc­e serait-elle plus convaincan­te? «Outre un ratio risque-rendement limité et donc en adéquation avec les attentes des caisses de pension, nous pouvons attester d’une expérience de vingt ans dans le domaine, contrairem­ent à toutes ces nouvelles structures.»

Une stratégie sur le long terme

La fondation de placement mise par ailleurs sur un type de placement appelé «evergreen», un terme emprunté à la botanique qui signifie persistant. «A l’inverse de ce qui se fait habituelle­ment dans le private equity, il n’arrive pas à maturité à une date précise. Il peut donc exister indéfinime­nt. L’obligation de vendre toutes les participat­ions à la clôture du fonds ne s’applique pas», note Christian Waldvogel. Une stratégie de placement qui correspond parfaiteme­nt à la philosophi­e du long terme des caisses de pension, selon lui.

Quid des frais élevés que ce type de gestion spécifique entraîne – généraleme­nt de 2% de frais de gestion, auxquels s’ajoutent 20%, rémunérés sur la performanc­e (différence entre le prix d’achat et le prix de vente de la société)? «Notre structure evergreen permet de réduire de moitié les frais de gestion aux normes appliquées traditionn­ellement dans le private equity», conclut Christian Waldvogel.

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(CHRISTIAN BEUTLER/KEYSTONE) La société Renaissanc­e investit dans des PME non cotées profitable­s, pour limiter la prise de risque.
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