Redonner d’urgence du pouvoir d’achat
C’est le slogan le plus souvent entonné par les «gilets jaunes». Hier encore à Paris, la hausse de 30% du SMIC – le salaire minimum en vigueur en France, fixé à 1498,70 euros brut avant cotisations sociales, et 1185 euros net – était de loin la revendication numéro un des manifestants. Problème: une augmentation d’environ 200 euros coûterait de suite prés de 10 milliards d’euros et toucherait immédiatement les finances des entreprises, qui pourraient de nouveau freiner les embauches. Elle ne profiterait en outre qu’aux 1,6 million de Français rémunérés au SMIC, pour une population active de 26,6 millions.
Calmer durablement le jeu
L’indispensable coup de pouce financier à la veille de Noël devra donc, pour être efficace et calmer durablement le jeu, toucher une partie beaucoup plus grande de la population, par exemple tous les Français qui perçoivent moins de 2000 euros par mois, en tenant compte des revenus des ménages. L’autre élément décisif concerne la fiscalité et en particulier les hausses de taxes indirectes, comme celles sur le carburant, alors que l’annonce, le 4 décembre, d’un moratoire de plusieurs mois par le premier ministre, Edouard Philippe, soit 700 millions d’euros de manque à gagner pour l’Etat, n’a convaincu personne.
Contre le favoritisme
Parmi les pistes fiscales activables rapidement figure la possibilité de relever les allocations familiales pour les ménages les plus modestes, tout en maintenant leur limitation (instaurée sous le quinquennat de François Hollande) pour les foyers déclarant plus de 90000 euros de revenus annuels.
Autre levier pour répondre aux accusations de favoritisme envers les riches: l’annonce d’une taxe de solidarité, éventuellement temporaire, payée par les ménages qui acquittaient l’impôt de solidarité sur la fortune jusqu’à sa réforme partielle entrée en vigueur depuis le début de 2018 (seuls restent surtaxés les biens immobiliers de plus de 1,3 million d’euros). Vient enfin le casse-tête fiscal des retraités, qui ne digèrent pas la hausse de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (appliquée sur tous les revenus, y compris les pensions). Le report du prélèvement à la source à partir de janvier (pour éviter une nouvelle ponction fiscale) est aussi évoqué. Dans tous les cas, Emmanuel Macron devra mettre la main au portefeuille dans un pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés de l’UE, avec 47,6% du PIB, soit plus de 1000 milliards d’euros par an. Sacré casse-tête.