Le Temps

Redonner d’urgence du pouvoir d’achat

- RICHARD WERLY ET BÉATRICE HOUCHARD, PARIS @LTwerly @behache3

C’est le slogan le plus souvent entonné par les «gilets jaunes». Hier encore à Paris, la hausse de 30% du SMIC – le salaire minimum en vigueur en France, fixé à 1498,70 euros brut avant cotisation­s sociales, et 1185 euros net – était de loin la revendicat­ion numéro un des manifestan­ts. Problème: une augmentati­on d’environ 200 euros coûterait de suite prés de 10 milliards d’euros et toucherait immédiatem­ent les finances des entreprise­s, qui pourraient de nouveau freiner les embauches. Elle ne profiterai­t en outre qu’aux 1,6 million de Français rémunérés au SMIC, pour une population active de 26,6 millions.

Calmer durablemen­t le jeu

L’indispensa­ble coup de pouce financier à la veille de Noël devra donc, pour être efficace et calmer durablemen­t le jeu, toucher une partie beaucoup plus grande de la population, par exemple tous les Français qui perçoivent moins de 2000 euros par mois, en tenant compte des revenus des ménages. L’autre élément décisif concerne la fiscalité et en particulie­r les hausses de taxes indirectes, comme celles sur le carburant, alors que l’annonce, le 4 décembre, d’un moratoire de plusieurs mois par le premier ministre, Edouard Philippe, soit 700 millions d’euros de manque à gagner pour l’Etat, n’a convaincu personne.

Contre le favoritism­e

Parmi les pistes fiscales activables rapidement figure la possibilit­é de relever les allocation­s familiales pour les ménages les plus modestes, tout en maintenant leur limitation (instaurée sous le quinquenna­t de François Hollande) pour les foyers déclarant plus de 90000 euros de revenus annuels.

Autre levier pour répondre aux accusation­s de favoritism­e envers les riches: l’annonce d’une taxe de solidarité, éventuelle­ment temporaire, payée par les ménages qui acquittaie­nt l’impôt de solidarité sur la fortune jusqu’à sa réforme partielle entrée en vigueur depuis le début de 2018 (seuls restent surtaxés les biens immobilier­s de plus de 1,3 million d’euros). Vient enfin le casse-tête fiscal des retraités, qui ne digèrent pas la hausse de 1,7 point de la contributi­on sociale généralisé­e (appliquée sur tous les revenus, y compris les pensions). Le report du prélèvemen­t à la source à partir de janvier (pour éviter une nouvelle ponction fiscale) est aussi évoqué. Dans tous les cas, Emmanuel Macron devra mettre la main au portefeuil­le dans un pays où les prélèvemen­ts obligatoir­es sont les plus élevés de l’UE, avec 47,6% du PIB, soit plus de 1000 milliards d’euros par an. Sacré casse-tête.

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