Le Temps

Les Champs-Elysées en feu!

- PIERRE-MARCEL FAVRE ÉDITEUR

Ces trois derniers samedis, les Champs-Elysées sont en feu! Des bandes d'émeutiers se mêlent aux «gilets jaunes». On connaît le résultat. Mobilier urbain démoli, vitrines cassées et de nombreux véhicules incendiés. Savez-vous qu'en France, plus de 100 voitures brûlent chaque jour et pas loin de 40000 par année!

Relevons que les Français sont incroyable­ment tolérants envers les manifestan­ts qui bloquent les routes, les trains, les stations-services, les commerces, etc. Et même, pour les casseurs et incendiair­es, on entend certains dire en substance: «Ils sont désespérés.» C'est incontesta­ble et cela n'a rien à voir avec l'augmentati­on «écologique» du prix de l'essence: les gains d'une part importante de la population sont insuffisan­ts. Il est indiscutab­le que l'écart entre les maigres salaires et l'accroissem­ent des grandes fortunes est choquant. La situation est devenue intolérabl­e pour nombre de gens en situation précaire. Cela clairement dit, est-ce que la violence règle quelque chose? Il n'en est rien.

N'abordons ici que les automobile­s brûlées. Puisque nous arrivons à la fin de l'année, dans l'Hexagone entre fin décembre et début janvier, on assistera à une pointe de destructio­n colossale: plus de 1000 voitures incendiées pour la nuit du Nouvel An. Et pour le dernier 14 Juillet, 845 voitures carbonisée­s. Ces chiffres sont aberrants.

Peut-on rapprocher ce type d'incendie aux feux de forêt et autres pinèdes qui sévissent autour de la Méditerran­ée?

Certes, ce phénomène est en légère baisse, mais il reste incroyable­ment haut en France, contrairem­ent à la plupart des autres pays. Il n'y aurait pour tous les Etats-Unis, pays 17 fois plus peuplé que la France, «qu'une» douzaine de milliers d'incendies de véhicules par an. Il n'est pas évident d'expliquer le tassement de ce genre de délit. Peut-être une raison: lorsque le «phénomène» est moins médiatisé, cela calme quelque peu les esprits échauffés. Il y a moins d'effets d'entraîneme­nt, voire de concurrenc­e entre quartiers. Une présence policière renforcée limite sans doute le désastre. En France, c'est la Haute-Corse qui est la plus touchée, avant les quartiers sensibles des grandes villes. Les motivation­s sont variables: actes de vengeance, camouflage­s d'autres infraction­s, débarras d'une voiture volée, phénomène de bandes, ennui général, etc.

Les informatio­ns proviennen­t de l'Observatoi­re national de la délinquanc­e et des réponses pénales et du Centre de documentat­ion et d'informatio­n de l'assurance. Ils sont donc incontesta­bles. En tout cas, ces délits ont une significat­ion. Les jeunes gens qui s'adonnent à ces destructio­ns ne le font pas pour s'enrichir, mais ils dévastent par une forme de nihilisme ou d'anarchisme assez absurde. Et ils agissent nuitamment neuf fois sur dix.

Nous avons, hélas, constaté quelques voitures qui flambent en Suisse également, à Genève, Zurich, même Morges et Bulle. Mais cela reste dans des proportion­s «helvétique­s». Les assureurs sont très sollicités. Cela donne lieu à de longues procédures, avant que les destructio­ns soient remboursée­s. Peut-on rapprocher ce type d'incendie aux feux de forêt et autres pinèdes qui sévissent autour de la Méditerran­ée? Dans ce cas précis, on a affaire à un autre type de pyromanie, une pulsion destructri­ce tout aussi néfaste mais plus clandestin­e, plus psychotiqu­e, liée clairement à des troubles mentaux. Les temps sont troublés. Le fonctionne­ment de pas mal de gens aussi. La fuite dans la drogue, l'islamisme, l'extrémisme politique ou la pyromanie montrent bien la folie de notre temps.n

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