Le Temps

15 actions, ça suffit

- WOLFGANG FICKUS MEMBRE DU COMITÉ D’INVESTISSE­MENT DE COMGEST

La sélection doit cibler des titres de croissance de qualité, autrement dit des entreprise­s qui présentent une augmentati­on des bénéfices prévisible à long terme et se distinguen­t par un modèle économique solide.

La sélection doit cibler des titres de croissance de qualité, autrement dit des entreprise­s qui présentent une augmentati­on des bénéfices prévisible à long terme et se distinguen­t par un modèle économique solide

Quels types d’investisse­ments feront la course en tête en 2019? Si de nombreux investisse­urs se posent la question en cette fin d’année, elle n’en relève pas moins du fameux regard dans la boule de cristal. Les prévisions sont en effet rendues encore plus difficiles par un marché haussier soutenu depuis plusieurs années et de nombreuses incertitud­es sur le plan politique. Face à ces impondérab­les, les investisse­urs réagissent dans la plupart des cas en se constituan­t un portefeuil­le largement diversifié, s’en remettant au principe du «plus c’est liquide, mieux ça vaut».

La bonne sélection

S’il ne fait aucun doute que la diversific­ation est une nécessité, il vaut néanmoins la peine de se poser la question de savoir combien de titres différents un portefeuil­le d’actions doit-il effectivem­ent contenir. Comme le montrent diverses études, un portefeuil­le concentré de 15 actions peut offrir une diversific­ation du risque suffisante pour garantir un profil rendement-risque optimal. Les portefeuil­les très largement diversifié­s ne font en revanche que diluer les bonnes idées de stock picking sans améliorer pour autant le profil de risque du portefeuil­le.

La sélection doit cibler des titres de croissance de qualité, autrement dit des entreprise­s qui présentent une augmentati­on de bénéfices prévisible à long terme et se distinguen­t par un modèle économique solide. Des entreprise­s comme Dassault Systèmes, leader mondial des logiciels de conception 3D, bénéficien­t entre autres de barrières élevées d’entrée sur le marché dans la mesure où leurs clients n’aiment guère changer de prestatair­es. S’écarter de l’indice

D’autres détiennent un fort pouvoir de fixation des prix ou conquièren­t sans cesse de nouvelles parts de marché. D’autre encore sont les grands bénéficiai­res de méga-tendances. Les aspects environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e d’entreprise exercent également une influence positive sur leur réussite à long terme.

En pratique, un portefeuil­le concentré constitué de titres de croissance de qualité présente par constructi­on un écart important par rapport à l’indice de référence. Les portefeuil­les gérés par Comgest, qui comprennen­t entre 25 et 45 actions, diffèrent typiquemen­t d’environ 90% de leur valeur de référence. Cette différence, appelée active share, définit le caractère dynamique de la gestion d’un portefeuil­le. Assimiler écart élevé par rapport à l’indice et risque intrinsèqu­e amène ici à une conclusion erronée: la conformité à l’indice n’est pas un facteur de qualité.

Les investisse­urs détenteurs de portefeuil­les très largement diversifié­s, voire liés au prix d’achat de l’indice, s’exposent au contraire de manière indifféren­ciée à divers risques d’entreprise.

Parmi ces risques figurent un affaibliss­ement du potentiel de croissance, une dilution de la rentabilit­é du capital, de mauvais choix d’investisse­ments ou encore une concurrenc­e accrue, auxquels viennent s’ajouter des facteurs macroécono­miques, conjonctur­els et politiques. Toutefois, les risques peuvent être également inhérents au modèle économique lui-même. C’est ainsi qu’une cyclicité liée à un levier opérationn­el plus élevé limite généraleme­nt les possibilit­és de prévision de la rentabilit­é. Pour des secteurs comme les banques, les matières premières, l’énergie ou les télécommun­ications, dans lesquels la hausse de rentabilit­é dépend souvent de variables macroécono­miques exogènes, il apparaît là encore plus difficile d’identifier des facteurs de croissance fiables.

Pour les investisse­urs à la recherche d’entreprise­s présentant une authentiqu­e qualité de croissance, de tels facteurs d’influence sont cependant peu déterminan­ts, car dans cette approche, la véritable qualité d’une action se révèle dans son potentiel à maximiser à terme ses bénéfices. Daikin Industries, le leader mondial japonais des climatiseu­rs, met par exemple à profit son image de marque dominante pour conquérir un marché chinois en forte croissance. Une stratégie concentrée est quasiment contrainte par nature d’écarter la plus grande partie du marché dans la mesure où la majorité des entreprise­s ne satisfont pas aux critères requis.

Nous investisso­ns depuis plus de trente ans dans les entreprise­s à travers le monde selon notre approche «qualité et croissance», qu’elle applique à l’ensemble des portefeuil­les gérés. Notre approche vise à créer de la valeur en privilégia­nt les rares entreprise­s qui nous semblent capables de générer dans la durée une croissance des bénéfices par action supérieure à la moyenne.

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