Changement climatique: du diagnostic au remède
Grâce à la jeunesse, le débat est enfin lancé là où il doit être mené, dans l’opinion publique. Les dérèglements climatiques ne sont plus des prédictions scientifiques absconses, ils sont visibles, mais la majorité des gouvernements traînent les pieds et se réfugient dans des actions symboliques, parfois contradictoires, rarement efficaces. Les industries polluantes s'évertuent à retarder l'échéance, parfois en se déclarant vertes à grand renfort de publicité sans, bien sûr, changer grand-chose. Même si le monde de la finance promeut des investissements verts, les entreprises polluantes qui sont profitables ne semblent pas manquer de financements. Dans leur écrasante majorité, les mouvements écologiques restent accrochés à leurs vieilles lunes, rejetant le nucléaire et l'éolien.
Devant une telle débauche de propagande et de fausses actions, il n’est pas surprenant que l’opinion publique s’y perde. Le phénomène des «gilets jaunes» en France est un symptôme supplémentaire de l'habituelle réaction face à un problème qui requiert les efforts de chacun: que les autres paient, je n'en ai pas les moyens. Il ne faut pas se bercer d'illusions, la lutte contre le réchauffement climatique est coûteuse. Les gouvernements ne bougeront sérieusement que lorsque leurs opinions publiques seront suffisamment convaincues, pas seulement du problème, mais aussi des solutions, pour en accepter le prix. Ils se contentent de proposer des mesures inefficaces, souvent autoritaires, comme la décision allemande d'arrêter le nucléaire, qui n'émet pas de carbone, pour le remplacer par le charbon, la pire source du réchauffement climatique.
C’est pour cela que la déclaration signée par 27 Prix Nobel d’économie, par tous les anciens gouverneurs de la banque centrale des Etats-Unis et par 15 présidents du Conseil des conseillers économiques du président est importante. Récemment publiée dans le Wall Street Journal, cette déclaration en cinq points résume de manière claire l'état des connaissances en économie sur la question. Voici sa traduction:
1. Une taxe carbone offre le moyen le moins coûteux de réduire les émissions de CO2 à l’échelle et à la vitesse nécessaire. En corrigeant un dysfonctionnement bien connu des marchés, une taxe carbone enverra un puissant signal, apte à mobilier la main invisible du marché pour diriger les acteurs économiques vers un futur à bas carbone.
2. La taxe carbone devrait augmenter chaque année, jusqu’à ce que les objectifs de réduction d’émissions soient atteints. Ils doivent être neutres en termes de pression fiscale pour éviter de relancer le débat sur cette question. L'augmentation continue du prix du carbone encouragera les innovations technologiques et le développement des infrastructures. Elle permettra aussi la diffusion de produits et de services économes en carbone.
3. Une taxe carbone suffisamment robuste et en augmentation progressive remplacera les diverses réglementations sur le carbone, qui sont moins efficaces. En remplaçant des réglementations encombrantes par le signal du prix, elle promouvra la croissance économique et assurera la stabilité dont les entreprises ont besoin pour investir dans des solutions énergétiquement propres.
4. Pour éviter des fuites et protéger la compétitivité des Etats-Unis, un ajustement aux frontières doit être établi [note de traduction: il s'agit de taxer les produits importés de pays qui n'appliquent pas la taxe carbone]. Un tel système permettra de renforcer la compétitivité de celles des entreprises américaines qui sont plus efficaces en matière d'utilisation de l'énergie que leurs concurrents étrangers. Ce système encouragera aussi les autres pays à adopter la taxe carbone.
5. Pour assurer l’équité et la viabilité politique de la taxe carbone, tous les revenus collectés devront être rendus aux citoyens sous la forme de versements forfaitaires égaux. La majorité des familles américaines, y compris les plus vulnérables, y gagneront en recevant plus sous la forme de «dividendes carbone» qu'elles ne paieront sous la forme d'augmentation des prix de l'énergie.
Voilà, c’est simple et ce sera d’autant plus efficace qu’appliqué universellement. Il a fallu un long moment aux climatologues pour convaincre l'opinion publique. Il est temps que l'on passe à la mise en oeuvre de la réponse et à son explication claire pour que les opinions publiques y adhèrent au lieu de la combattre.
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