Le Temps

Elisabete Fernandes, derrière l’adaptation genevoise du film «Demain»

Elle a coréalisé l’adaptation genevoise du film «Demain» avec Grégory Chollet. Une aventure qui a changé sa vie

- VINCENT MALAGUTI

«Nos actes n’ont pas besoin d’être immenses pour avoir une portée. C’est parfois au fil de petites actions que les grands changement­s se font»

Exceptionn­ellement, elle se prête au jeu de l'exercice inversé, mais d'habitude, c'est elle qui interroge. Elisabete Fernandes, la coréalisat­rice de la version genevoise du documentai­re Demain, a passé deux ans à rencontrer des citoyens du canton militant pour une autre société. Le film, une adaptation de celui réalisé en France par Mélanie Laurent et Cyril Dion, recense des initiative­s participat­ives et solidaires dans tous les domaines.

Tout a naturellem­ent commencé avec le documentai­re français. Après l'avoir vu, un petit groupe de personnes s'est retrouvé pour faire bouger les choses à Genève. Ils ont pris contact avec Grégory Chollet, et l'associatio­n Demain Genève est née. Le film est le premier projet de l'entité.

La possibilit­é de réaliser un rêve

«Au départ, on devait organiser un seul événement, mais Grégory pensait qu'il était mieux de commencer par un film, pour avoir un impact plus fort et plus large, rappelle Elisabete Fernandes. Il m'a demandé si j'étais d'accord de le réaliser avec lui et j'ai dit oui.» Et comme passer derrière la caméra, «d'autant plus pour une si belle cause», était un rêve d'enfant, elle s'est engagée dans le projet avec enthousias­me.

A l'école, la petite Elisabete était «parfois» une bonne élève. «Le système scolaire m'a toujours paru ennuyeux, à vrai dire. C'est en arrivant à CREA [haute école de création, marketing et communicat­ion à Genève] que j'ai vraiment pris du plaisir à me rendre à l'école pour la première fois de ma vie», se souvient la jeune femme. A la suite de son stage de fin d'études, elle rejoint Loyco, une entreprise de conseil en tant que Creative Content Manager. Elle y rencontre un certain Grégory Chollet. C'est à cette période aussi qu'elle se découvre une passion pour l'écologie.

«Demain nous a plu notamment pour le côté positif qu'il dégage. Il n'y a aucune tentative de culpabilis­er les gens, un phénomène qui peut s'avérer contre-productif. Ici, on est inspiré et on a de vraies solutions pour agir», explique-telle. L'objectif n'était pas de faire «un copier-coller» du documentai­re tourné dans divers pays du globe, mais plutôt de se focaliser sur le local. L'équipe du film «voulait pousser des initiative­s encore méconnues de la population», en évitant d'être associée à un parti politique. Une indépendan­ce qui est aussi financière, puisque le film a vu le jour grâce au crowdfundi­ng.

Filmer les héros des temps modernes

«Nos actes n'ont pas besoin d'être immenses pour avoir une portée. Ce sont parfois au fil de petites actions que les grands changement­s se font.» Elisabete Fernandes et les membres de Demain Genève ont donc commencé à établir une liste d'initiative­s dans leur canton, avec la crainte de ne pas en avoir assez pour remplir un film d'une heure et demie.

«Au final, on a reçu 400 propositio­ns, qui avaient souvent des liens entre elles.» Un de ces projets a particuliè­rement attiré l'attention de la cinéaste: la ferme à roulettes. «C'est une personne qui produit du blé ancien. Ce botaniste parle tellement bien de son travail que cela donne envie de se lancer. En plus de cette activité, il se déplace avec une roulotte pour éduquer les enfants à l'agricultur­e.» Pour elle, les instigateu­rs de ce genre de projet sont «les héros» des temps modernes. «Ils ne se rendent pas compte qu'ils changent l'avenir de notre région.» Elisabete Fernandes l'affirme: «Genève est un bon élève en matière d'écologie. Mais on peut faire mieux, on le peut toujours et cela fait chaud au coeur de voir que les gens se réveillent, surtout les jeunes.»

Que nous réserve demain?

L'aventure Demain Genève a bouleversé la vie de la réalisatri­ce: elle est désormais végétarien­ne, se pose (vraiment) plus de questions sur ses achats et donne de son temps dans une coopérativ­e de produits biologique­s. L'idée sera maintenant de motiver d'autres villes ou cantons à suivre l'initiative genevoise. Un Demain Vevey et un Demain Gruyère existent déjà, mais seulement à l'échelle d'événements ou de captures vidéo. «J'aurais adoré réaliser un Demain Valais, mais je ne pense pas que l'on aurait été légitimes.» En attendant, Elisabete Fernandes et Demain Genève apportent leurs conseils à Demain Portugal et réfléchiss­ent à une websérie, toujours sur la thématique du développem­ent durable. Une chose est sûre, c'est qu'elle gardera toujours la même énergie positive: «Je dis toujours que l'on peut mentir sur un sourire mais on ne peut pas le faire sur l'énergie que l'on dégage.»

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