Le Temps

Le legs californie­n de Johann Schneider-Ammann

- BERNARD WUTHRICH @BdWuthrich

La création d’un fonds entreprene­urial pour les start-up suisses est l’un des héritages que souhaitait laisser Johann Schneider-Ammann. «Jobs, jobs, jobs», s’est-il exclamé durant toute sa carrière politique. La naissance de ce fonds et de la Swiss Entreprene­urs Foundation (SwissEF) qui l’accompagne s’inscrit dans cette logique. Ce double instrument veut encourager l’esprit d’initiative, la création de start-up et l’innovation en Suisse, une tendance que personne ne songerait à freiner.

Il n’est pas anodin que cette structure de soutien privée voie le jour juste au moment où le Départemen­t fédéral de l’économie change de locataire. L’industrie, l’innovation, la start-up font partie de l’ADN de Johann Schneider-Ammann. Il porte ce projet depuis plus de deux ans. Par sa fonction de président honoraire de la SwissEF, il restera dans le coup. Son successeur Guy Parmelin, qui n’a pas participé à la présentati­on de la fondation et du fonds jeudi à Berne mais a délivré un message vidéo de sympathie, continuera certes d’assurer le patronage de l’opération, mais celle-ci portera durablemen­t la signature de Johann Schneider-Ammann. Ce fonds respecte son esprit libéral et traduit son admiration pour ce qui se fait en Californie. Il faut en outre rappeler que l’ancien conseiller fédéral n’a jamais défendu l’idée d’un fonds souverain alimenté par de l’argent public. Il a toujours considéré que c’était une tâche privée.

Comme le relève le président de la SwissEF, Urs Berger, il reste encore beaucoup d’obstacles à franchir. A commencer par la dotation du fonds lui-même. Jeudi, seuls les 100 millions mis à dispositio­n par La Mobilière ont été officielle­ment annoncés. Or, en 2017, Johann Schneider-Ammann disait dans une interview que 300 millions avaient d’ores et déjà été promis et que le capital-risque de 500 millions serait réuni à la fin de cette année-là. La réalité montre que l’alimentati­on du pot est plus complexe que prévu. Devenue inévitable, la défection de l’un des premiers acteurs de la démarche, Pierin Vincenz, ex-patron de Raiffeisen, a peut-être compliqué les choses.

Quoi qu’il en soit, la fondation SwissEF et le fonds insufflero­nt davantage d’esprit de la Silicon Valley en Suisse. Aujourd’hui, 70% du capital-risque destiné au soutien des jeunes pousses vient de l’étranger. Le fonds, dont la durée a été fixée à douze ans, ambitionne d’inverser la tendance grâce à l’appui de partenaire­s indigènes puissants qui cherchent à faire fructifier le soutien qu’ils apportent déjà aux PME. Comme il vise à soutenir la deuxième phase de vie des start-up, celle qui consiste à commercial­iser le résultat de leurs travaux, l’instrument est assurément un plus pour l’économie suisse.

Cet instrument est assurément un plus pour l’économie suisse

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