Aide à l’innovation: un feu vert à 500 millions
«Je veux que les bonnes idées développées en Suisse ne soient plus exportées en Californie»
JOHANN SCHNEIDER-AMMANN
Un fonds d’investissement privé destiné à soutenir les start-up et les PME, doté, à terme, de 500 millions de francs, vient de recevoir le feu vert de la Finma
Ce fonds est l’oeuvre de l’ancien ministre de l’Economie Johann SchneiderAmmann, sorti de sa retraite pour le présenter à la presse jeudi et montrer qu’il honore, en partie du moins, un de ses engagements phares en tant que conseiller fédéral: «Je veux que les bonnes idées développées en Suisse ne soient plus exportées en Californie», a-t-il toujours martelé, convaincu que la Suisse est un des leaders mondiaux de l’innovation mais qu’elle est «faible pour transformer ses idées en produits commerciaux».
Le Swiss Entrepreneurs Fund est déjà doté de 100 millions de francs, apport du premier donateur, La Mobilière, mais 300 millions seraient déjà garantis et la collecte de fonds devrait atteindre 500 millions – UBS et Credit Suisse étant les deux autres créateurs du fonds.
Pas encore de quoi faire de la Suisse la deuxième «start-up nation» après Israël, place que revendique Emmanuel Macron après avoir débloqué 10 milliards d’euros (de fonds publics) pour l’innovation. Mais de quoi améliorer les conditions-cadres des jeunes entrepreneurs. Il est aujourd’hui établi que les start-up suisses trouvent relativement facilement les 2 ou 3 premiers millions pour investir dans leurs prototypes. Ce fonds servira à financer l’étape suivante, celle de l’industrialisation. La fondation mène aussi des réflexions dans le but d’offrir aux start-up le meilleur environnement législatif et politique possible.
Le rêve de l’ancien conseiller fédéral se concrétise. La Swiss Entrepreneurs Foundation est née et met à disposition des PME un fonds de soutien qui devrait être doté à terme de 500 millions de francs
Il l’avait promis tout au long de sa carrière de conseiller fédéral, le voici qui se concrétise: Johann Schneider-Ammann a présenté jeudi à Berne le fonds d’investissement destiné à soutenir les start-up et les PME innovantes en phase de croissance qui, faute de trouver les appuis financiers nécessaires en Suisse, sont parfois tentées d’émigrer pour aller les chercher à l’étranger. Le Swiss Entrepreneurs Fund sera à terme doté de 500 millions de francs provenant de capitaux privés, le premier donateur étant La Mobilière Suisse, qui assure une mise de départ de 100 millions. Aide à l’innovation
La naissance de ce fonds est la première réalisation de la Swiss Entrepreneurs Foundation (SwissEF), qui a été créée conjointement par La Mobilière, UBS et Credit Suisse et qui vient de recevoir le feu vert de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma). Président du conseil d’administration de la compagnie d’assurances bernoise, Urs Berger exerce la fonction de président du conseil de fondation. A ses côtés siègent notamment Lukas Gähwiler, président d’UBS Suisse, Thomas Gottstein, PDG de Credit Suisse (Suisse) SA, Urs Schaeppi, PDG de Swisscom, Martin Vetterli, président de l’EPFL, ainsi que les conseillers aux Etats Ruedi Noser (PLR/ZH) et Beat Vonlanthen (PDC/FR). Ce dernier et Martin Vetterli sont appelés à assurer le lien avec la Suisse occidentale. La fondation est également soutenue par Helvetia, le Centre d’innovation et de numérisation Bernapark, le groupe Loeb et Jean-Philippe Tripet, fondateur et président de la société d’investissement Aravis.
Johann Schneider-Ammann est président honoraire de la fondation. Lorsqu’il siégeait au Conseil fédéral, il a soutenu activement le développement de ces structures de soutien à l’innovation. «Nous nous sommes mis au travail il y a deux ans. Fidèle à mon leitmotiv «jobs, jobs, jobs», j’ai toujours eu à coeur de soutenir les PME. Il y avait un besoin de rattrapage en Suisse», confie-t-il, pas mécontent d’être déjà sorti de sa toute récente retraite pour présenter le résultat de ces deux ans de travaux.
La fondation apporte son savoir-faire aux sociétés en phase de commercialisation de leurs innovations et s’appuie pour cela sur un conseil consultatif dont font notamment partie Peter Spuhler, président du conseil d’administration de Stadler Rail, la Fribourgeoise Annette Heimlicher, PDG de Contrinex, Aude Pugin, PDG d’Apco Technologies, le conseiller national Marcel Dobler (PLR/SG), cofondateur de Digitec et président d’ICTSwitzerland, ainsi qu’une poignée d’entrepreneurs suisses établis en Californie. Les deux grandes banques sont responsables de la gestion du portefeuille et des projets, alors que La Mobilière fournit le capital. L’engagement d’autres investisseurs institutionnels, comme les caisses de pension, de privés et de family offices est attendu. «SwissEF est une passerelle entre le capital et l’innovation. Elle comble une lacune», résume Lukas Gähwiler. Les meilleures conditions-cadres possible
La fondation mène aussi des réflexions dans le but d’offrir aux start-up le meilleur environnement législatif possible. «Les conditions-cadres sont bonnes en Suisse. Mais certaines peuvent être améliorées. Je pense à l’imposition des actions et des options des collaborateurs et aux procédures d’autorisation pour les collaborateurs étrangers qualifiés en provenance d’Etats tiers», résume Peter Stähli, nommé directeur général de la fondation, qui fut aussi le créateur du Swiss Economic Forum (SEF). Adoubée par la Finma, l’initiative entrepreneuriale est désormais lancée. «Un obstacle est levé, mais il en reste encore beaucoup à franchir», prévient Urs Berger.
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