Le Temps

Rebecca Ruiz: candidatur­e et moralité

- HEINZ FANKHAUSER, LAUSANNE

Les éloges pleuvent sur Rebecca Ruiz, mais les journalist­es oublient un peu vite les suspicions qu’ils avaient eux-mêmes formulées à son encontre il y a peu. Elle a consenti à signer à son avantage personnel un contrat de travail et à être rémunérée pour un emploi fictif d’enseignant­e à Cossonay. Plus que la gravité objective, c’est la banalisati­on nonchalant­e de ce dysfonctio­nnement qui effraie. Mme Ruiz avoue sans rougir qu’elle était consciente de la supercheri­e. Elle se justifie en expliquant qu’elle n’était pas en position de refuser ce montage trompeur, qui lui a été proposé par sa cheffe. Mme Lyon minimise ce tour de passe-passe par les «besoins du terrain». Mme Ruiz estime qu’elle n’était pas responsabl­e de la dérive de l’administra­tion, mais elle l’a quand même signée! Si elle s’était sentie harcelée et entraînée contre sa volonté par sa collègue de parti, pourquoi n’a-t-elle pas réagi avec les outils qu’elle a développés elle-même aux frais de nos impôts? Pour le citoyen, il s’agit d’un faux dans les titres, violant au passage une directive concernant les contrats d’auxiliaire­s. Si, pour une chose aussi mineure, Mme Ruiz n’avait effectivem­ent pas d’autre choix que de céder à la pression, qu’en sera-t-il lorsqu’elle présidera un gouverneme­nt, où ces pressions seront cent fois plus fortes et les «besoins du terrain» immenses? Lorsqu’elle dirigera le DSAS, voudrions-nous de contrats de travail intitulés «médecin au CHUV» pour des camarades socialiste­s sans diplôme de médecine et détachés pour étudier l’histoire de la médecine dans une autre institutio­n? Cherchons-nous encore plus de scandales politiques? Ne mettons pas le ver dans le fruit! Pour une fois, il est encore temps.

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