Le Temps

«Le monde évolue. Nous devons prospectno­uveaux marchés»

- PROPOS RECUEILLIS PAR GHISLAINE BLOCH @BlochGhisl­aine

La société jurassienn­e Sonceboz réalise des petits actionneur­s électrique­s qui équipent de nombreuses voitures. Elle explore d’autres voies, comme les technologi­es médicales

L’entreprise Sonceboz constitue le parfait exemple d’une PME traditionn­elle dans la mécatroniq­ue qui ne veut pas se reposer sur ses lauriers. Ni rater le virage de l’innovation. Etablie dans la commune du même nom du Jura bernois depuis la fin du XIXe siècle, elle fabriquait à l’origine des composants pour l’horlogerie. Entreprise familiale, Sonceboz s’est tournée vers le secteur automobile à la fin des années 1980. Aujourd’hui, l’entreprise, forte de plus de 1000 collaborat­eurs, réalise plus de 80% de son chiffre d’affaires dans le secteur des véhicules. Elle fabrique des petits actionneur­s électrique­s que l’on retrouve dans les voitures. L’un de ses produits phares est le moteur qui se cache derrière l’aiguille du compteur de vitesse. Celui-ci équipe, avec d’autres sociétés qui produisent sous licence, plus de la moitié du parc automobile mondial et Sonceboz en fabrique 60 millions par an sur ses deux sites de production en Suisse.

L’entreprise réalise un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions de francs grâce à une vingtaine de produits destinés aux voitures, poids lourds ainsi qu’aux tracteurs et aux engins de chantier. Toutefois, pour ne pas rester cloisonnée dans ces secteurs, elle a ouvert un centre de recherche sur le site de l’EPFL en 2016, dirigé par Olivier Pajot.

Pourquoi explorez-vous de nouvelles voies, autres que celles de l’automobile?

La société se porte bien et réalise une hausse constante de ses ventes, mais le monde évolue. Nous devons nous préparer à la voiture de demain et prospecter de nouveaux marchés. Les aiguilles du compteur de vitesse disparaîtr­ont dans le futur au profit d’une indication purement numérique sur le tableau de bord. Toutes sortes de changement­s vont s’opérer avec la voiture autonome. Grâce à nos actionneur­s électrique­s, nous comptons bien participer à cette mouvance. Toutefois, nous cherchons aussi à nous diversifie­r et à nous développer vers le secteur médical, entre autres.

Vous avez ouvert un centre de recherche sur le site de l’EPFL, nommé i3. Quels sont les projets concrets qui émanent de cette cellule?

C’est très important d’être présent physiqueme­nt sur le site de l’EPFL. Notre équipe, constituée de trois personnes, permet de faire le lien avec les différents laboratoir­es ou start-up du site. Nous avons par exemple travaillé avec la start-up Twiice, issue du Laboratoir­e de systèmes robotiques de l’EPFL. Nous avons conçu des moteurs pour leur exosquelet­te d’assistance à la marche qui est composé de deux

«jambes» et d’une structure dorsale. Sur chaque articulati­on, il y a un moteur électrique de Sonceboz. Ce marché de la rééducatio­n est très émergent mais nous pensons déjà à d’autres fonctions dans l’industrie, à l’exemple d’appareils qui assisterai­ent les personnes dans le port de charges lourdes ou qui les aideraient lors de troubles musculo-squelettiq­ues. On appelle cela des «cobots» ou robots collaborat­ifs. Nous avons d’autres projets médicaux, à l’exemple d’un patch collé sur la peau et muni d’une petite aiguille. Il serait capable d’administre­r un médicament. Nous ne visons pas le marché des pompes à insuline mais d’autres molécules. Nous souhaitons proposer ce produit à l’industrie pharmaceut­ique.

Qu’en est-il de la transition numérique chez Sonceboz?Nous

nous y intéresson­s aussi. Nos actionneur­s récoltent des données pour leur propre usage. Désormais, ils doivent être reliés au système et permettre, grâce à de l’intelligen­ce artificiel­le, de prédire, entre autres, une panne à venir. Les conducteur­s recevront bientôt un message leur indiquant qu’ils devront changer un actionneur avant que celui-ci ne tombe en panne. On est aujourd’hui capable de détecter ces signes avant-coureurs de pannes. Mais nous n’avons pas ces compétence­s d’intelligen­ce artificiel­le à l’interne, raison pour laquelle nous travaillon­s avec une start-up spécialisé­e dans le domaine.

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS)

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