Le Temps

Goldman Sachs lève le voile sur ses affaires suisses

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Le marché helvétique est crucial pour la banque d’affaires. Cinq Suisses font partie des associés du groupe. L’activité zurichoise est hissée dès maintenant au rang de succursale pour ses transactio­ns sur titres. L’entrée sur le marché hypothécai­re est «à l’étude»

tGoldman Sachs n'a pas coutume d'inviter la presse suisse pour faire le point. Jeudi, la banque a pourtant fait le pas. Elle a légèrement levé le voile sur ses activités en Suisse. Il est vrai qu'elle est présente sur les bords de la Limmat depuis 1974 avec une banque privée (Goldman Sachs Bank AG) et que les rumeurs d'expansion ou de retrait sont régulièrem­ent évoquées dans les médias.

Les effectifs sont actuelleme­nt de «plus de 100 profession­nels dans le pays, y compris six responsabl­es avec le rang de directeur», déclare Stefan Bollinger, coordinate­ur des opérations à Zurich. Tout au long de la présentati­on, ses responsabl­es ont insisté sur la significat­ion du marché suisse au sein de la banque. Elle en veut pour preuve que cinq Suisses figurent au rang d'associés, à savoir Stefan Bollinger, François-Xavier de Mallmann, Radovan Radman et les époux Beat et Niharika Cabiallave­tta. Davantage de responsabi­lité en Suisse

L'importance de la Suisse est renforcée depuis le début 2019: «A Zurich, depuis le 1er janvier, nous ne sommes plus un bureau de représenta­tion, mais une succursale pour nos activités de transactio­ns sur les titres (actions, obligation­s), et à Genève nous avons dorénavant une agence bancaire», confirme Patrik Zumstein, responsabl­e des titres. Au total, 25 personnes travaillen­t pour les transactio­ns sur titres, environ une moitié à Zurich et l'autre à Londres.

Concrèteme­nt, le passage au statut de succursale permet aux représenta­nts zurichois de pouvoir fixer eux-mêmes un prix lors d'une transactio­n sans avoir à passer par Londres pour en obtenir l'autorisati­on. Cette décision doit être considérée dans le contexte des marchés. Lors de la baisse des bourses en décembre, la volatilité a été très forte et la liquidité des marchés a été très nettement réduite. «Il n'était pas aisé pour un investisse­ur de vendre un grand paquet de titres sans faire de concession sur le prix», note Stefan Bollinger.

En devenant une succursale, le banquier améliore son service puisqu'il pourra répondre luimême aux besoins de transactio­ns du client. Il pourra même engager le capital de son établissem­ent. En tant que bureau de représenta­tion, seule l'activité de marketing était possible à Zurich. «Le changement de statut est donc une réponse aux besoins des clients», insiste Stefan Bollinger (responsabl­e pour le pays). Investisse­ment dans la banque de détail

Les autres responsabl­es des activités suisses sont Pascal Mischler (gestion d'actifs), Patrik Zumstein (succursale titres), Marco Pagliara (banque privée) et Fedor Schulten (banque d'investisse­ment).

Chez Goldman Sachs, tout semble remis en question depuis l'arrivée de David Solomon comme président de la direction générale en octobre dernier. Une restructur­ation vient d'être annoncée dans le négoce de matières premières, autrefois une «vache sacrée» de l'ancienne direction. A Davos, le nouveau directeur s'est dit «incroyable­ment optimiste» pour son groupe.

L'établissem­ent, qui domine le conseil en fusions et acquisitio­ns, se découvre même une passion pour la banque de détail. Au Royaume-Uni, elle a déjà rassemblé 10 milliards de livres sterling (13 milliards de francs) de dépôts avec 200000 clients au dernier trimestre. L'institut offre des taux d'intérêt supérieurs à la concurrenc­e parce qu'il n'a pas à financer un réseau de succursale­s pour le grand public. Aux PaysBas, il s'est lancé dans le crédit hypothécai­re. En Suisse, «nous sommes prêts à saisir toutes les opportunit­és», indique Stefan Bollinger. Des rumeurs voudraient que Goldman Sachs se positionne sur le marché suisse des hypothèque­s. Rien de concret n'a toutefois été annoncé ce jeudi. Le projet est «à l'étude» et si la banque devait se lancer, ce serait «modestemen­t».

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DAVID SOLOMONPRÉ­SIDENTDIRE­CTEUR GÉNÉRAL DE GOLDMAN SACHS

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