Le Temps

Lancé en Suisse, le séduisant YouTube Kids joue avec le feu

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Google vient de lancer son applicatio­n spécialeme­nt destinée aux petits. Bien conçue, facile à utiliser de manière sûre, elle risque de rendre les enfants accros

C’est une applicatio­n que certains parents vont adorer. Et d’autres maudire. Le 5 février, Google a lancé en Suisse l’applicatio­n YouTube Kids. Destinée aux enfants, elle propose un contenu spécialeme­nt filtré à leur intention. Une manière de les faire évoluer dans un environnem­ent sûr. Mais aussi une façon de les rendre encore plus accros aux smartphone­s et aux tablettes. Mais aussi à… YouTube.

Google avait initialeme­nt lancé YouTube Kids en février 2015 aux Etats-Unis puis dans une trentaine d’autres pays. C’est désormais aux internaute­s suisses de pouvoir télécharge­r cette applicatio­n gratuite, tant sur des téléphones et tablettes tournant sous Android que iOS, le système d’Apple. L’applicatio­n est un succès pour Google, avec plus de 10 milliards de vidéos vues depuis 2015. La multinatio­nale ne tarit pas d’éloges sur YouTube Kids: «Conçue spécialeme­nt pour répondre aux besoins des parents et des enfants, elle permet aux parents de donner à leurs enfants un accès sécurisé aux vidéos YouTube.»

Cinq types de vidéos

Sur le plan du design pur et de l’ergonomie, l’applicatio­n est une réussite. Une petite musique entraînant­e en arrière-fond, une navigation facile entre les écrans, des icônes adaptées pour les enfants, YouTube Kids est bien conçue. L’enfant a le choix entre cinq types de vidéos. D’abord, des recommanda­tions, telles des vidéos de Simon le lapin, Peppa Pig (en allemand) ou les Teletubbie­s. Il y a aussi des clips, des Trois petits cochons à des classiques de Disney, en passant par le clip Sugar de Maroon 5. Ensuite, il y a des émissions, telles que Tchoupi ou La panthère rose. La quatrième catégorie s’appelle «Découverte» et ressemble beaucoup à celles précitées. Enfin, la catégorie «Apprendre» inclut des émissions sur les animaux, les formes, les couleurs ou les chiffres.

Chaque émission dure souvent plus de dix minutes, mais parfois il ne s’agit que d’extraits de dessins animés et bien sûr de films. Il arrive aussi que l’audio ne soit pas disponible en français. Recherche vocale

Il est possible d’effectuer des recherches, via un clavier virtuel ou par la voix, pour les enfants qui ne savent pas écrire. Google affirme que le contenu a été filtré et nous n’avons pas pu le prendre en défaut: pas de vidéo de violence, pas de clip aux paroles non adaptées à des enfants… La promesse est tenue.

Il est possible de paramétrer l’applicatio­n, via un espace réservé aux parents. Pour y accéder, il faut effectuer une multiplica­tion de type «8 x 8 =?». L’on peut utiliser un minuteur, pour que l’applicatio­n cesse d’être utilisable après

Très bien faite, l’applicatio­n permet une navigation facile entre les vidéos conçues pour les enfants. Avec le risque de les rendre encore plus accros à un écran…

Même s’il est préférable pour un petit d’utiliser YouTube Kids plutôt que YouTube, il faudra le faire avec parcimonie

un certain nombre de minutes. On peut aussi désactiver les effets sonores, supprimer la recherche ou encore définir une tranche d’âge: on a alors le choix entre «tous les âges», «enfants en bas âge» ou «enfants d’âge scolaire» sans avoir davantage de précision à ce sujet.

Publicité

Normalemen­t, YouTube Kids affiche de la publicité. Mais lors de nos tests ces derniers jours, aucune annonce n’est apparue au début des vidéos – mais il est possible qu’elles s’affichent ces prochaines semaines. Google s’est engagé à ce qu’aucune annonce pour des aliments, des jeux vidéo ou des boissons n’apparaisse. En 2015, une coalition d’associatio­ns de consommate­urs et de groupes de défense des enfants s’était plainte de voir trop de publicités déguisées dans YouTube Kids.

Il est possible de lier YouTube Kids à son compte Google, mais aussi de l’utiliser sans jamais s’identifier. il est possible d’éviter totalement l’affichage de publicités en s’abonnant à YouTube Premium. Son coût: 15,90 francs par mois sur Android et 19,90 francs par mois sur iOS.

Au final, que penser de cette applicatio­n? Elle n’a pas de défaut et s’avère très simple à utiliser. Le contenu proposé est clairement destiné aux enfants… Mais l’on sait très bien que scotcher son enfant devant un écran, d’autant plus s’il n’est pas accompagné par un parent, n’est pas bon. S’il est bien sûr préférable pour un petit d’utiliser YouTube Kids plutôt que YouTube, il faudra vraiment le faire avec parcimonie.

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