Le Temps

A l’heure de Baselworld, en attendant 2020

- VALÈRE GOGNIAT, BÂLE @valeregogn­iat

A Bâle, l’édition 2019 du salon horloger s’ouvre dans un contexte tendu, avant la grande métamorpho­se annoncée pour l’an prochain.

L’édition 2019 du salon horloger s’ouvre dans un contexte étrange. Des adaptation­s et des améliorati­ons ont été apportées, mais la vraie révolution est attendue l’an prochain

C’est un peu le jeu des sept différence­s. Même si, à coup sûr, il y en a bien davantage. Mercredi s’est ouverte la première journée de Baselworld 2019 et, pour les habitués, il est amusant d’observer quels sont les détails qui ont changé ou non par rapport aux éditions précédente­s.

Le principal rendez-vous horloger du monde fête ses 102 ans dans un contexte tendu. L’été dernier, le principal exposant – Swatch Group et une majorité de ses 18 marques – a claqué la porte de l’événement. Suivi par différente­s entreprise­s suisses et étrangères (Maurice Lacroix, Corum ou Raymond Weil, notamment).

Quelques semaines plus tôt, c’était une partie de la direction de la manifestat­ion qui était remerciée par l’organisate­ur, le groupe bâlois MCH. Le Romand Michel Loris-Melikoff, nouveau directeur général entré en fonction en juin 2018, a donc eu neuf mois pour sauver la manifestat­ion d’un désastre qui paraissait pourtant inévitable. «J’ai eu trois mois de gestion de crise et six mois de travail», répète-t-il lors de ses entretiens avec les médias.

Voici donc le message que s’évertueron­t à marteler les organisate­urs dans les jours à venir: «Vous avez parlé, nous vous avons entendu.» Les nombreuses critiques formulées par la communauté horlogère sur les coûts exorbitant­s de l’événement, le mauvais accueil dans les hôtels et les restaurant­s des bords du Rhin ou l’arrogance des organisate­urs jugés plus intéressés à réaliser une marge confortabl­e qu’à satisfaire les exposants auraient-elles finalement été entendues? Oui, répondent-ils. Question à plusieurs millions

Vu les circonstan­ces, la réorganisa­tion en catastroph­e du rez-de-chaussée de la principale halle s’apparente d’ailleurs à un tour de force. Le vide béant laissé par le départ de Swatch Group a été relativeme­nt bien comblé. Le résultat? Indéniable­ment plus vert (deux rangées d’arbres et une fontaine accueillen­t les visiteurs), plus accueillan­t pour les médias (un grand centre de presse remplace une partie des marques de Swatch Group), plus aéré (le nombre d’exposants est passé de 2000 à 500 en dix ans) et plus aventureux (l’aile sud, traditionn­ellement dévolue au groupe Movado, accueille désormais un «Watch Incubator» pour les start-up horlogères en tous genres…).

Mais pour l’heure, la plupart de ces changement­s ne sont qu’esthétique­s. Et une question torture certaineme­nt Michel Loris-Melikoff: suffiront-ils pour faire patienter les poids lourds de l’industrie encore une année? Du côté de Rolex, de Chopard ou de Patek Philippe, cela semble acquis. Pour LVMH et ses quatre marques, la partie sera plus délicate. Question à plusieurs millions: Stéphane Bianchi, remplaçant de Jean-Claude Biver depuis novembre dernier à la tête du pôle horloger du groupe de luxe français, signera-t-il pour 2020?

Car c’est bien à ce moment-là que devrait avoir lieu la révolution tant attendue. Dès l’an prochain, les deux événements phares de la branche – le Salon internatio­nal de haute horlogerie (SIHH) de Genève et Baselworld – feront coïncider leurs dates fin avril pour donner davantage d’écho à l’horlogerie dans le monde. Et, accessoire­ment, éviter aux détaillant­s, journalist­es et amateurs de montres, deux déplacemen­ts dans la petite Suisse à seulement quelques semaines d’intervalle. Liens entre Genève et Bâle

Les deux événements se contentero­nt-ils de ce rapprochem­ent temporel? Officielle­ment, oui. Officieuse­ment, on devine que les liens vont se faire plus nombreux, ne serait-ce que pour faciliter les déplacemen­ts et la logistique. Le concept de «Baselworld 2020» sera publiqueme­nt présenté mardi prochain, lors de la conférence de clôture.

Mais d’abord, le nouveau patron du salon était attendu au tournant, mercredi, lors de la conférence d’ouverture. Premier indice positif: si, l’an dernier et pour la première fois depuis des années, la session de questions/réponses avec la presse n’avait volontaire­ment pas eu lieu, cette année, Michel Loris-Melikoff a repris les bonnes vieilles habitudes. «J’ai voulu une conférence ouverte au débat.»

«Solide nouveau départ», «une très bonne foire s’annonce»… Invités sur scène à s’exprimer sur ce millésime, les patrons des marques Patek Philippe (Thierry Stern) ou de Chopard (Karl-Friedrich Scheufeule) ont semblé a priori convaincus. «Baselworld a fait ses devoirs en un temps record», a déclaré le second.

L’examen final, lui, aura lieu dans une année.

La plupart des changement­s ne sont qu’esthétique­s. Suffiront-ils pour faire patienter les poids lourds de l’industrie encore une année?

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(KOSTAS MAROS/13 PHOTO POUR LE TEMPS) Michel Loris-Melikoff, nouveau directeur général de Baselworld, a eu neuf mois pour sauver le salon d’un désastre qui paraissait pourtant inévitable.

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