Le Temps

L’HONNEUR PERDU DE LA SUISSE

- BRIGITTE MARTIN-BÉRAN, PULLY

La Suisse a refusé de se joindre aux 36 Etats qui ont adressé un blâme sévère à l’Arabie saoudite

à propos du traitement qu’elle réserve aux défenseurs des droits de l’homme (LT du 08.03.2019). On reste stupéfait et honteux après la lecture de cette nouvelle. Le 24 janvier déjà, au Forum de Davos, Ueli Maurer annonçait sans embarras que les relations de la Suisse et de l’Arabie saoudite étaient à nouveau «normalisée­s» (lisez: nous allons commercer sans retenue ni état d’âme) et que l’assassinat de Jamal Khashoggi appartenai­t au passé.

La stupeur et l’indignatio­n soulevées par cette position cynique, venant d’un conseiller fédéral UDC fraîchemen­t nommé à la présidence en vertu du caractère tournant de cette fonction dans notre gouverneme­nt collégial, étaient encore teintées de l’espoir qu’il ne s’agissait que d’une déclaratio­n intempesti­ve, une de plus de la part d’un Ueli Maurer jouant les matamores pour montrer ses muscles, et que ce n’était en rien la position officielle de la Suisse.

Malheureus­ement, l’abstention empreinte de lâcheté de nos représenta­nts devant le Conseil des droits de l’homme vient nous prouver le contraire. Honte à la Suisse, dont la parole et la position dans les instances internatio­nales sont maintenant largement dictées par l’UDC. Depuis les dernières élections fédérales, on savait que notre collège gouverneme­ntal penchait fortement vers la droite nationalis­te dure, et on voit maintenant que l’image de la Suisse proposée au monde n’est pas celle d’une Suisse ouverte et respectueu­se des droits de l’homme, mais celle d’un boutiquier peu soucieux d’éthique. Cette année présidenti­elle UDC va être longue et triste. Très longue. Très triste.

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