Le Temps

L’UDC ne défend plus la franchise de base à 350 francs

Après avoir soutenu une indexation de la franchise de base de l’assurance maladie, l’UDC fait marche arrière. Dans l’immédiat, elle condamne la réforme

- MICHEL GUILLAUME, BERNE @mfguillaum­e

Coup de théâtre dans le dossier de l’indexation de la franchise de base de l’assurance maladie. A trois jours de la votation finale dans les deux Chambres, l’UDC annonce qu’elle ne soutient plus cette mesure destinée à responsabi­liser les assurés. Cela signifie que cette réforme sera enterrée ce vendredi par le Conseil national. La franchise de base restera ainsi fixée à 300 francs dans l’immédiat. Le PS jubile. «La menace de notre référendum annoncé a pleinement joué son rôle. L’UDC se ridiculise en retournant sa veste, mais c’est tant mieux pour les assurés», se félicite sa vice-présidente Ada Marra.

On croyait l’affaire classée au parlement. Le 5 mars dernier, le Conseil des Etats, grâce à la coalition bourgeoise formée par l’UDC, le PLR et le PDC, a approuvé le principe d’une indexation régulière de la franchise de base: une hausse de 50 francs dès que les coûts globaux par assuré s’avèrent 13 fois plus élevés que la franchise de base, soit qu’ils dépassent les 3900 francs par an.

Une symétrie des sacrifices

L’UDC semble avoir pris peur de devoir défendre une mesure impopulair­e en cette année électorale. A une large majorité, son groupe a décidé de ne plus soutenir cette indexation que lui avait soumise le ministre socialiste de la Santé Alain Berset contre son gré. «Nous voulons attendre le paquet de mesures qu’a annoncé le Conseil fédéral pour le deuxième semestre de cette année», s’est justifié son chef Thomas Aeschi (UDC/ZG). «Car nous tenons à une symétrie des sacrifices entre l’industrie pharmaceut­ique, les hôpitaux, les médecins et les assurés», a-t-il ajouté.

De son côté, Heinz Brand (UDC/ GR), par ailleurs président de l’associatio­n faîtière des caisses Santésuiss­e, s’est fait plus précis: «Nous avons voulu éviter que le PS ne profite du référendum pour justifier sa politique que nous estimons mauvaise. Personnell­ement, je continue à penser qu’il faut responsabi­liser les patients par le principe d’une indexation régulière de la franchise de base. L’an passé, une assurée genevoise a totalisé près de 400 consultati­ons», explique-t-il.

Au sein des partis du centre droit, c’est la consternat­ion. «L’UDC se moque du monde par sa volteface. A la fin, plus aucun parti ne voudra travailler avec elle. Dans le domaine des coûts de la santé, il y a pourtant urgence à agir», déclare le vice-président du PLR Philippe Nantermod. Même déception chez Christian Lohr (PDC/TG). «L’UDC n’est plus crédible. Cette indexation, qui est raisonnabl­e, fait partie d’un train de mesures pour freiner les coûts de la santé.»

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