Le Temps

Macron: Acte II

- CHARLES WYPLOSZ

Le «grand débat national» s’est terminé en France comme il avait commencé, rythmé par les manifestat­ions hebdomadai­res des «gilets jaunes». Emmanuel Macron promet d’annoncer sa synthèse en avril. De quoi sera faite la deuxième phase de sa présidence?

Macron avait clairement choisi de consacrer son Acte I aux réformes de structure qui étaient au coeur de son programme électoral. Avec un important volet économique, ces réformes visaient aussi l’éducation, la justice et les institutio­ns. Elles étaient bien pensées mais politiquem­ent difficiles, c’est pour cela que, depuis des décennies, les précédents gouverneme­nts les avaient soigneusem­ent évitées. Elles étaient difficiles parce qu’elles remettaien­t en cause de vieilles habitudes qui avaient gangrené des pans entiers de l’action publique, coûtant toujours plus cher pour une performanc­e toujours plus poussive. Des lobbies de toutes sortes – idéologiqu­es, corporatis­tes, syndicaux – avaient tout verrouillé. Pour s’y attaquer, il pensait avoir la légitimité de son programme et, de fait, il a avancé à grande vitesse pendant un an. Encore une année de plus à ce rythme et, mission accomplie, il aurait pu se consacrer aux questions sociales. Et de droite pendant deux ans, et de gauche les deux années suivantes, avant une cinquième année consacrée à préparer sa réélection. Ce beau programme s’est fracassé sur la révolte des «gilets jaunes». Le voilà contraint de faire du social, dans l’urgence, avant d’avoir achevé ses réformes. L’Acte II arrive trop tôt.

Pourra-t-il faire les deux en même temps? C’est probableme­nt ce qu’il annoncera le mois prochain. Mais la nature du social, débattu pendant un mois et demi, est désormais antinomiqu­e des réformes de structure. Finalement, ce qui ressort du «grand débat», c’est avant tout une demande généralisé­e de plus d’argent et de plus de moyens publics. C’est évidemment impossible. Plus de justice fiscale? Certes, les impôts sont relativeme­nt peu progressif­s, mais la France est parmi les pays qui redistribu­ent le plus à travers les transferts sociaux qui représente­nt plus de la moitié d’un budget absorbant plus de la moitié du revenu national. Cependant, une partie de ces transferts constituen­t ce que l’on appelle des trappes à pauvreté ou à chômage parce qu’ils découragen­t la recherche d’emploi. Macron envisageai­t de s’y attaquer mais à présent la pression le pousse en sens inverse. Plus de services publics? Macron avait promis de baisser les dépenses pour baisser les impôts. La solution serait de faire plus avec moins, mais cela signifie rationalis­er l’administra­tion publique, un chantier qu’il avait juste amorcé. Les syndicats, qui y sont évidemment hostiles, savent désormais que le président plie devant des grandes manifestat­ions, comme ses prédécesse­urs.

Peut-être chapeau de ceux améliorer cette qui séquence ont et Sinon, tout Macron trouver cru d’un ses que accidentel­le va coup annonces une le sortir «grand sortie leur un situation. vont miraculeus­e lapin de débat» son décevoir de quinquenna­t. allait Elles son vont en pays sa qui également capacité broyait à réformer du décevoir noir avant en ceux profondeur son qui élection. ont cru un Les graves. conséquenc­es Les partis politiques politiques seraient traditionn­els alors semblent aujourd’hui incapables d’offrir une alternativ­e. La voie serait alors ouverte aux partis extrêmes, et surtout au Rassemblem­ent national de Marine Le Pen. Finalement, c’est peut-être la peur de cette alternativ­e, rejetée par une majorité de l’électorat si l’on en croit les sondages, qui est le meilleur atout de Macron. On sait qu’il caresse l’idée d’un référendum. Peu importe le sujet, en France le référendum est vu comme un plébiscite, moi ou le chaos.

La suivante: séquence il entend en avril, de donner l’Acte le président suite II pourrait au «grand annonce donc débat». être comment la En mai, les élections européenne­s – qui ne portent jamais sur les questions européenne­s – indiqueron­t si ses propositio­ns sont acceptées. Si la réponse est ambiguë, on passe au référendum plébiscite. Si c’est non, qu’il démissionn­e ou non, Macron aura perdu la main: soit il restera et gérera tant bien que mal la situation, soit il partira. Si c’est oui, il déroulera son nouveau programme, qui risque d’être un compromis entre des demandes irréaliste­s et ses ambitions initiales revues à la baisse.

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