Les devoirs du vainqueur
Les 900 millions d’électeurs indiens ont parlé. Le grand vainqueur est le nationalisme hindou. Son porte-drapeau, Narendra Modi, se voit ainsi confier un deuxième mandat de premier ministre.
Lorsque crotales et tambours de la victoire se seront tus, Narendra Modi pansera en priorité les blessures survenues durant une longue campagne électorale qui a été menée par son propre camp dans la peur et la haine. Mais son objectif n’est autre que de rassurer la majorité hindoue sur la force de son pouvoir. Amit Shah, son puissant bras droit, a même osé faire la promesse de «bannir de l’Inde tous les infiltrés, à l’exception des hindous et des bouddhistes».
Pour caresser son électorat hindou dans le sens du poil, Narendra Modi est allé jusqu’à effectuer des frappes contre des objectifs militaires au Pakistan. Pays musulman, donc. L’occasion était électoralement trop bonne pour ne pas la saisir. Il a fait croire qu’Islamabad était derrière un attentat suicide au Cachemire, qui a fait 41 morts en février. Heureusement, Imran Khan, son homologue pakistanais, a refusé toute surenchère.
L’Inde de Narendra Modi n’aime pas non plus les chrétiens. Le pays recense une centaine d’actes de violence contre cette minorité qui a pourtant participé, comme les autres communautés, à construire le pays.
Si le premier ministre porte le manteau d’un modéré, son pouvoir repose totalement sur le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), ce mouvement qui prône l’idéologie du «Hindustan» – l’Inde aux hindous. Le pays compte 1,3 milliard d’habitants, dont 80% sont des adeptes de Shiva, Krishna et autres divinités.
Le RSS est cette organisation dont un membre – Nathuram Godse – avait assassiné le Mahatma Gandhi, coupable selon lui d’avoir accepté l’amputation de la mère patrie en 1948, pour créer le Pakistan. Les fanatiques hindous, toujours eux, avaient détruit la mosquée d’Ayodhya en 1992. Les émeutes avaient alors fait 2000 morts, surtout des musulmans.
L’agenda du RSS n’a pas changé. Et c’est au premier ministre Modi de construire une Inde où les non-hindous cesseront de vivre dans la peur. C’est seulement ainsi qu’il pourra faire honneur à la plus grande démocratie du monde.
L’Inde de Narendra Modi n’aime pas non plus les chrétiens