OUVREZ LES YEUX ENCORE PLUS GRAND
Merci pour ce numéro spécial sur le climat
et l’article sur le retard des rédactions à prendre la mesure de la gravité du problème. Pour aller encore plus loin dans le rattrapage, ouvrez les yeux encore plus grand: tous les problèmes (d’hyper-exploitation et de transformation à tout prix des ressources de la Terre) étant reliés et connectés à un système économique délétère, cette appellation axée sur le climat n’est pas exacte. C’est la destruction du monde vivant terrestre et tout ce qu’elle implique dont il est question. Tant pis si cela fait un peu plus peur encore.
Cela dit, notre conscience de la peur ferait des merveilles pour changer le monde,
la peur n’est qu’au pluriel cet outil de désinformation ou de démobilisation dont parle un autre article. Si on vit avec LA peur sans chercher à l’occulter ou à s’en distraire, elle nous apprend à voir tout ce que nous avons distordu pour l’oublier, toute l’étendue du mensonge, toute sa fragmentation en peurs, cibles, elles, de tous les chantages. Mais si l’on veut présenter les choses de manière positive, on peut, et il faut, le dire: on sait aujourd’hui que la priorité doit aller à la protection du monde vivant, et qu’il suffirait peut-être de l’aimer pour mieux comprendre et accepter les sacrifices qu’il vaut bien qu’on fasse pour le tirer de nos griffes. D’autant plus (mais sans plus) que nous en faisons partie. Le monde vivant subsume tous les problèmes de notre modernité.
Après les membranes totalitaires pétries d’illusions que les humains se sont inventées,
les religions (Dieu rend compte de tout) et les Lumières (l’Homme d’abord, après lui le déluge – que voici), qui n’ont fait que nous isoler de la conscience de la très vieille peur de l’homme contre la douleur et la mort, la bonne nouvelle est que le monde vivant a toujours été une véritable membrane, protectrice et coercitive comme les précédentes, non religieuse, indifférente aux doctrines, et qui, ELLE, ne dispense aucune illusion sur l’immortalité ou sa promesse (raison pour laquelle ne s’y rallient que des âmes fortes?).
Sans vouloir faire de maternalisme, la métaphore de la matrice s’impose,
le ventre maternel dont le foetus fait partie. Eh bien jusqu’ici nous nous sommes conduits en embryon cannibale, de ce cannibalisme en même temps suicidaire qui est le comble de l’aveuglement. Quand en viendra-t-on à dire, ah, mais oui, c’est vrai, pourquoi nous en rendons-nous compte si tard? Ce «quand» existera-t-il seulement? Non, le système économique et social ne doit pas être perpétué, rafistolé, verdi; oui, le monde vivant doit être sauvé, oui, il faut tout faire pour, et très vite!