Les investisseurs se réjouissent
Stabilité gouvernementale, réformes structurelles, projets d’infrastructures. Tous les éléments sont réunis pour attirer les capitaux et combattre le chômage
La victoire du Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre indien Narendra Modi a été saluée jeudi par les investisseurs. L’indice Sensex de la principale bourse indienne, qui regroupe les 30 principales entreprises du pays, a même brièvement franchi la barre jamais atteinte des 40000 points. La hausse était déjà spectaculaire (+3,5%) lundi lorsque les sondages de sortie des urnes prédisaient la déroute des partis d’opposition, dont le Congrès des Gandhi.
Chef économiste de la banque Lombard Odier à Genève, Sami Chaar note d’emblée que l’électorat indien a plébiscité les réformes économiques menées durant le premier mandat du premier ministre. Y compris la démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies en 2017, qui avait pourtant provoqué beaucoup de colère. Selon lui, le gouvernement vient d’obtenir le mandat de continuer sur cette lancée. Les chantiers ne manquent pas: la réforme agraire et celle du marché du travail ainsi que les projets d’infrastructures. «On peut s’attendre à ce que Narendra Modi veuille transformer l’Inde, un pays pauvre, en une économie pour la classe moyenne», explique l’économiste. Selon le Fonds monétaire international, le revenu annuel d’un Indien s’élève à 2000 dollars. A titre de comparaison, celui d’un chinois est de 7000.
Un gouvernement plus ambitieux
Le gouvernement Modi a déjà posé divers jalons pour atteindre ses objectifs. L’Inde a progressé dans l’indice Ease of Doing Business de la Banque mondiale, passant de la 142e place en 2014 à la 77e place en 2018. L’an dernier, le premier ministre s’en félicitait, en promettant qu’en 2020, son pays serait dans les trente premiers pour lancer des affaires.
Résultat des réformes: les investissements étrangers arrivent. Selon l’ONU, l’Inde se rangeait au 10e rang des pays d’accueil en 2017, avec 40 milliards de dollars. Deepak Lalwani, directeur de Lalcap, un fonds d’investissement basé à Londres et spécialisé sur l’Inde, de nombreux investisseurs attendaient les résultats du scrutin avant de décider de leurs placements. «Désormais, il y a un pays politiquement stable, un gouvernement qui a un mandat clair pour poursuivre les réformes ainsi qu’un projet d’envergure concernant les infrastructures. Tous les éléments que demandent les investisseurs sont réunis.»
«J’anticipe un gouvernement Modi 2 qui se voudra plus ambitieux que le premier», poursuit Deepak Lalwani. Selon lui, le premier ministre indien n’a pas rempli toutes les promesses de son premier mandat, notamment la création d’emploi pour les jeunes. «Ce sera la priorité durant les cinq prochaines années, d’autant plus que la population indienne est jeune», relève-t-il.
Le chômage compte parmi les principaux fléaux de l’économie indienne. Celle-ci connaît une croissance fulgurante (7,2% attendus en 2019) mais sans création d’emplois. En tout cas, pas assez pour le million de jeunes qui débarquent chaque mois sur le marché du travail. Le taux de chômage, selon les experts, serait de 6,2% mais ce chiffre ne tient pas compte des millions de personnes qui se débrouillent dans le secteur informel.
Deepak Lalwani affirme que le prochain gouvernement devra s’atteler à une autre tâche tout aussi cruciale: l’aménagement des toilettes dans le pays. «C’est un projet qui pourrait améliorer le niveau de la santé dans le pays tout en créant des millions d’emplois», fait-il remarquer.
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