Le Temps

Les enseignant­s peuvent-ils faire la grève du climat?

- LAURE GABUS @lauregabus

Ce vendredi a lieu une nouvelle mobilisati­on pour le climat. Des professeur­s genevois ont publié un manifeste en soutien aux revendicat­ions de leurs élèves pour la planète

L'engagement est contagieux. Une cinquantai­ne d'enseignant­s romands ont déjà signé le «Manifeste des enseignant.e.s pour le climat et la biodiversi­té» lancé mardi par une poignée de professeur­s genevois. Le texte invite le corps enseignant et le personnel administra­tif «à soutenir à l'avenir des mouvements de grève des jeunes en formation, visant à obtenir les changement­s profonds qui s'imposent». Le manifeste reprend les grandes lignes d'appels similaires lancés en France et en Belgique.

Cet appel a été lancé à quelques jours de la nouvelle grève mondiale pour le climat, aujourd'hui 24 mai. Des manifestat­ions sont organisées dans la plupart des villes suisses. «On est face à nos élèves au quotidien, les voir se mobiliser est inspirant», explique Valentine Fueter Ohanessian, enseignant­e à l'ECG Ella-Maillart. L'envie des signataire­s de prendre part au défilé est forte. «Dans l'idéal, et pour ne pas me retrouver en porte-à-faux avec mes valeurs, je ne voudrais pas enseigner alors que quelque chose d'important pour le climat se passe à l'extérieur, poursuit-elle. Néanmoins, il est important de pouvoir agir sans prendre de risque vis-à-vis de notre employeur.»

Le porte-parole du Départemen­t de l'instructio­n publique genevois (DIP), Pierre-Antoine Preti, rappelle les règles en vigueur pour les enseignant­s comme pour l'ensemble du personnel de l'Etat. «Pour être en grève, il faut avoir une revendicat­ion sur ses conditions de travail, entre un employeur et un employé, et faire part d'un préavis de grève. En l'état, aucun préavis de grève n'a été déposé par le cartel intersyndi­cal auprès du Conseil d'Etat.» Marge de manoeuvre limitée

La marge de manoeuvre des enseignant­s est donc limitée. Les négociatio­ns se font au cas par cas avec les directions d'établissem­ent. «La demande de congé que j'avais faite pour participer à la première mobilisati­on de janvier s'est soldée par un rappel à l'ordre, explique Sébastien Bertrand, de l'ECG Jean-Piaget. J'ai depuis demandé l'avis d'une amie juriste, qui m'a expliqué que nous devons rester cantonnés au soutien des mouvements de grève: porter des signes distinctif­s, préparer des pancartes ou sensibilis­er en cours.» «Notre travail d'enseignant est surtout d'intégrer ces valeurs dans les programmes et les faire débattre», complète Valentine Fueter Ohanessian.

Le DIP salue l'engagement des jeunes pour la planète et relève que des discussion­s et un travail ont été entamés depuis plusieurs mois avec eux pour voir ce qui pouvait être changé au niveau des établissem­ents et de manière plus générale. Le départemen­t s'inquiète cependant qu'une nouvelle «grève des cours» n'affecte les résultats scolaires des étudiants. Un courrier a récemment été envoyé aux parents d'élèves afin de leur rappeler que certains examens, dont des examens de maturité, tombent ce vendredi 24 mai. Par conséquent, «en cas d'évaluation annoncée, la présence est obligatoir­e et le règlement s'appliquera en cas d'absence», indique-t-il.

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