Le Temps

La Suisse, à cinq dixièmes de seconde du dernier carré

- LIONEL PITTET @lionel_pittet

Les hommes de Patrick Fischer quittent les Mondiaux slovaques au stade des quarts de finale. Ils menaient 2-1 contre le Canada avant d’encaisser l’égalisatio­n à un tout petit rien de la sirène finale

Il aura fallu de longs instants aux arbitres pour trancher, mais l’évidence a fini par s’imposer à eux. Le puck propulsé par Damon Severson a bel et bien franchi la ligne de but défendue par Leonardo Genoni avant la sirène indiquant la fin du match. Cela s’est joué à «ça», trois fois rien, cinq dixièmes de seconde pour être exact.

Cela a suffi pour que le Canada égalise (2-2) et s’offre dix minutes de prolongati­on inespérées contre la Suisse, en quart de finale des Championna­ts du monde de hockey. Quelques instants plus tard, Mark Stone inscrivait le goal décisif pour envoyer les Nord-Américains dans le dernier carré et leurs adversaire­s en vacances…

L’image de ce puck pénétrant dans leur cage sur le gong hantera sans doute longtemps Patrick Fischer et ses hommes. Vice-championne du monde en 2018, l’équipe de Suisse échoue cette fois à se qualifier pour les demi-finales. Objectif atteint

Au regard des dix précédente­s éditions du tournoi, c’est loin d’être une anomalie. A cinq reprises, elle n’a même pas atteint les quarts de finale, et elle ne les a franchis qu’à deux reprises (2013 et 2018, les deux fois une médaille d’argent à la clé). Cette réalité conduit la fédération nationale à toujours fixer ce stade de la compétitio­n comme objectif minimal – la Suisse l’a donc atteint cette année en Slovaquie. Mais aujourd’hui, tout le monde sait qu’elle est capable de beaucoup mieux.

Les joueurs eux-mêmes ne s’en cachent pas. «Nous sommes vraiment meilleurs qu’il y a cinq ans. Nous progresson­s. Jusqu’ici, nous en étions conscients au sein de l’équipe mais, maintenant, tout le monde commence à nous prendre un peu plus au sérieux», disait cette semaine l’ailier Kevin Fiala. «La Suisse a aujourd’hui quelques bons joueurs de NHL, quelques vraies stars, beaucoup de compétence­s techniques et beaucoup de talent», confirmait son futur adversaire Sean Couturier.

«Power play» enfin efficace

Le Canadien et ses coéquipier­s étaient néanmoins les grands favoris de leur rencontre avec la Suisse. Ils avaient terminé premiers de leur groupe avec le meilleur power play des Mondiaux, leurs adversaire­s quatrièmes du leur avec le pire taux d’efficacité à cinq contre quatre des huit quart de finalistes.

Et pourtant, le match fut loin d’être une partie de plaisir pour les protégés d’Alain Vigneault. La Suisse mettait d’entrée beaucoup de vitesse, se créait rapidement des opportunit­és grâce à Nino Niederreit­er et finissait par inscrire le 1-0 par Sven Andrighett­o… en power play. C’est encore sur une situation spéciale qu’elle reprenait l’avantage dans le deuxième tiers grâce à sa vedette Nico Hischier.

Les dix dernières minutes de jeu ne furent que souffrance, à contenir les assauts canadiens et à multiplier les dégagement­s interdits. Oppressés, les hommes de Patrick Fischer n’ont pas pu profiter de la cage vide adverse pour conclure. Ils croyaient par contre pouvoir tenir celle d’un Leonardo Genoni brillantis­sime inviolée pour signer un authentiqu­e exploit. Cela s’est joué à «ça», trois fois rien, cinq dixièmes de seconde. C’est cruel, et ainsi va le sport.

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