Le Temps

Un marathon en discothèqu­e avec Kechiche

- S. G.

Le réalisateu­r de «La Vie d’Adèle» revient à Cannes avec un film fleuve se déroulant quasi entièremen­t dans une boîte de nuit. «Mektoub, My Love: Intermezzo» va irriter et diviser

«La fin de l’été approche, Amin et ses amis rencontren­t Marie, une jeune étudiante parisienne.» Tel est le résumé officiel de Mektoub, My Love: Intermezzo, qui fait suite à Mektoub My Love: Canto Uno. Il manque quelques mots: «… et ils l’emmènent en boîte de nuit.» Car après la rencontre sur la plage de Sète, qui occupe les 35 premières minutes, Abdellatif Kechiche met en scène la plus longue séquence de discothèqu­e de l’histoire du cinéma; elle dure 165 minutes pour un long métrage qui en fait au final 40 de moins que les 4 heures annoncées. Du moins dans sa copie cannoise, pas définitive puisqu’elle est exempte de générique et que le mixage n’a pas été achevé.

Mektoub, My Love devrait être, selon les fantasmes de son auteur, une oeuvre en dix films. Au coeur du dispositif narratif, Amin et son amie d’enfance Ophélie. Autour d’eux, une dizaine de jeunes femmes et hommes, autant de corps que Kechiche va ici filmer dans la moiteur d’une discothèqu­e. Les filles sont court-vêtues, se déhanchent, séduisent, transpiren­t, les garçons sont aimantés, on s’amuse, on boit, on s’embrasse, on parle de tout et de rien.

Canto Uno se déroulait entre la plage, un resto, des appartemen­ts et la même discothèqu­e qui devient aujourd’hui le décor d’un huis clos exalté par une musique assourdiss­ante et répétitive, hormis lors d’un long moment de sexe oral explicite dans les toilettes. Intermezzo va déranger, choquer, irriter. Kechiche y filme trop de fesses et de décolletés, et ne retrouve pas le souffle du premier épisode. Mais la façon dont le récit s’inscrit dans la durée a quelque chose d’irrémédiab­lement hypnotique.

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