Règlements de comptes dans la Cosa Nostra
Vétéran des cinéastes en lice pour la Palme, Marco Bellocchio revient sur les mafieux repentis et le maxi-procès de Palerme dans «Il Traditore», une reconstitution trop démonstrative pour séduire
Une tradition méditerranéenne veut que l’Italie soit toujours présente en Compétition. Paolo Sorrentino et Matteo Garrone n’ayant rien sous le coude, c’est Marco Bellocchio, 80 ans, qui a été réquisitionné. Actif depuis 1965 (Les Poings dans les poches), ce cinéaste de gauche a réalisé quelque 25 films engagés qui ont eu le don d’agacer les autorités ou le Vatican, mais de sacrifier trop souvent la grandeur du cinéma à la primauté du message.
Il Traditore accuse cette faiblesse coutumière. Il retrace la guerre entre parrains de la mafia sicilienne dans les années 1980 et s’organise autour de la figure du «traître» Tommaso Buscetta. Ce soldat de la Cosa Nostra est parti se planquer au Brésil. Arrêté par la police brésilienne, extradé vers l’Italie, désapprouvant la cupidité d’une organisation qui a perdu son sens de l’honneur en assassinant femmes et enfants, le bandit décide d’abjurer son serment et de dénoncer les agissements des mafieux.
Le maxi-procès de Palerme (1986-1987), à l’issue duquel 475 accusés ont été condamnés, marque un tournant décisif dans l’histoire de l’Italie. Le sujet tenait à coeur à Bellocchio. Il procède à une reconstitution historique efficace, bien qu’un peu hermétique pour qui n’a pas révisé le sujet la veille. Les personnages, solidement interprétés, laissent voir la perversion morale des «hommes d’honneur».
Lors du procès, les accusés enfermés dans des cages rugissent mensonges et haine de la justice. Est-il utile de souligner leur animalité à travers des métaphores zoologiques (lion, hyènes au zoo)? Et de ponctuer certaines scènes d’éclats symphoniques tonitruants?
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