Pourquoi Cham Group se retire de la bourse
Reconvertie dans l’immobilier et massivement restructurée, l’ex-Paper Cham juge qu’une cotation implique des coûts et des efforts disproportionnés, sans véritable bénéfice
Combien coûte le fait d’être coté en bourse, pour une petite entreprise suisse? Environ 200000 francs par an, en ce qui concerne Cham Group, qui a décidé de se retirer de la bourse de Zurich SIX. La somme peut paraître modeste, mais cette dépense supplémentaire n’apportait plus de plus-value notable, a estimé l’entreprise zougoise. Et encore moins depuis que le groupe s’est reconverti dans l’immobilier, après avoir abandonné son activité dans le papier.
Moins de 300 actions échangées par jour en moyenne, avec des creux à moins de 100 titres qui changeaient de mains en une journée. L’action Cham Group n’a jamais suscité d’intenses échanges à la bourse suisse. A compter du 19 décembre prochain, ses titres seront négociables en gré à gré sur la plateforme de la Banque cantonale de Zurich. C’en sera donc fini de la vie de société cotée, et sans regrets, apparemment.
De 700 à 10 employés
Fondée en 1657, l’ex-Cham Paper a fabriqué des papiers spéciaux, employant jusqu’à près de 700 collaborateurs. Depuis la vente de son activité historique au sud-africain Sappi en février 2018, Cham Group est devenue une société immobilière, avec le projet de transformer son ancien site industriel en nouveau quartier accueillant 1000 logements et 1000 emplois, dans le centre de Cham (ZG).
L’entreprise emploie actuellement une petite dizaine de personnes, décrit Edwin van der Geest, chargé de la communication du groupe: «Tout le développement immobilier est confié à des architectes, des ingénieurs ou des consultants externes. L’entreprise n’aura pas besoin de forces supplémentaires avant trois à quatre ans, lorsque les premiers bâtiments seront prêts et qu’il sera nécessaire de s’occuper des locataires.»
Pour le moment, l’heure est aux investissements, et à la maîtrise des coûts. L’entreprise a dégagé un résultat opérationnel de 1,5 million de francs au premier semestre, selon des chiffres publiés mercredi. Le départ de la bourse suisse permettra d’économiser au minimum 200000 francs, qui correspondent aux frais d’audit externe obligatoire pour les sociétés cotées. D’autres coûts sont moins visibles, comme le temps consacré à la préparation des annonces boursières. Et à leur vérification: «En interne, une personne consacre 20% de son temps de travail à la vérification de nos annonces», poursuit Edwin van der Geest, qui est aussi chargé des relations avec les investisseurs en tant que consultant externe.
Selon lui, dans le cas de Cham, une cotation n’apporte pas vraiment de plus-value: «Les entreprises cotées doivent fournir des rapports annuels beaucoup plus fournis que ceux des sociétés privées. S’y ajoutent des rapports sur les rémunérations, sur la durabilité, etc.» Lorsqu’une entreprise cotée commet une erreur dans sa communication financière, elle reçoit une lettre de la part de l’opérateur de la bourse, qui peut aussi lancer une enquête. Une surveillance souvent ressentie comme pesante.
Pas besoin de capitaux
En échange de cet effort et de ces coûts jugés «disproportionnés» pour une capitalisation boursière de l’ordre de 320 millions de francs, les avantages qu’offre la bourse sont devenus moins évidents. Cham Group ne s’attend pas à devoir augmenter ses fonds propres pour les dix prochaines années. L’accès à des financements extérieurs est assuré, précise le communiqué de l’entreprise, et celle-ci détient près de 150 millions de francs de liquidités ou quasi-liquidités – grâce à la cession de son activité dans le papier. Cham Group – détenu à 42% par la famille Buhofer – n’aura donc vraisemblablement pas besoin de la bourse pour lever des fonds.
Sa situation financière lui permet de lancer un programme de rachat d’actions. Portant au maximum sur 5% de la capitalisation boursière, cette initiative devrait coûter un peu plus de 60 millions de francs au maximum. Il s’agit de racheter les titres des investisseurs ne pouvant pas détenir de titres d’entreprises non cotées. Et au passage de diminuer les frais découlant des taux d’intérêt négatifs.
▅