Le Temps

Quand Messenger, Skype ou Siri transmette­nt nos conversati­ons aux géants de la tech

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Un à un, tous les géants américains de la technologi­e ont admis écouter des conversati­ons des utilisateu­rs de leurs services. Voici, point par point, ce qui s’est passé et ce que ces sociétés viennent de décider

Les confession­s se sont succédé à un rythme effréné ces derniers jours. Un à un, faisant souvent suite à des révélation­s de médias américains, Apple, Facebook, Microsoft, Amazon et Google ont admis avoir écouté des conversati­ons de leurs clients. Ce que beaucoup suspectaie­nt s’est révélé exact: oui, des employés, et pas seulement des logiciels, écoutent ce que disent parfois des utilisateu­rs de services, que ce soit Skype, Messenger ou des assistants vocaux. Voici, point par point, ce que l’on sait sur les pratiques des géants de la technologi­e.

FACEBOOK

Il a fallu une enquête de Bloomberg, parue mardi, pour que le réseau social admette qu’il écoute certaines conversati­ons de ses utilisateu­rs. Facebook a reconnu avoir fait transcrire des enregistre­ments sonores de conversati­ons – avec l’autorisati­on des usagers, dit-il – mais affirme avoir mis fin à cette pratique. Il s’agissait de messages audio enregistré­s par les utilisateu­rs via l’applicatio­n Messenger, qui sont ensuite immédiatem­ent retranscri­ts sous forme de texte. Facebook explique pour sa défense que les sous-traitants vérifiaien­t si l’intelligen­ce artificiel­le du réseau interpréta­it correcteme­nt les messages, qui avaient été rendus anonymes.

Depuis des années, des utilisateu­rs estiment que Facebook les écoute en permanence en activant le micro de leur smartphone: il suffit qu’ils évoquent un produit ou un lieu de vacances pour que, immédiatem­ent, celui-ci apparaisse sous forme de publicité dans Facebook. La confession faite la semaine passée par le réseau social ne concerne pas du tout ce point. Il n’a ainsi jamais été prouvé que Facebook nous écoute à notre insu.

MICROSOFT

Début août, le média en ligne Vice affirmait que des prestatair­es de Microsoft écoutaient certaines conversati­ons d’utilisateu­rs utilisant Skype – en particulie­r ses fonctions d’interpréta­tion – et son assistant personnel Cortana. Là aussi, pour se défendre, Microsoft a assuré avoir obtenu l’autorisati­on des clients avant de recueillir leurs données vocales. Selon le groupe américain, les informatio­ns concernant l’identité des utilisateu­rs sont supprimées avant que les informatio­ns ne soient partagées avec des fournisseu­rs.

GOOGLE

En juillet, le média belge VRT révélait avoir pu écouter plus d’un millier d’enregistre­ments issus d’assistants vocaux de Google situés en Belgique ou aux Pays-Bas, dont 153 captés accidentel­lement. Ces informatio­ns avaient obligé la société à réagir en reconnaiss­ant que ses employés, mais aussi des sous-traitants, analysaien­t des fragments d’enregistre­ments des utilisateu­rs, afin de perfection­ner la compréhens­ion des différente­s langues et des accents de ses logiciels d’intelligen­ce artificiel­le.

Ces informatio­ns ont conduit l’office de la protection des données de Hambourg à obtenir de Google qu’il cesse de tels enregistre­ments sur une période de trois mois débutant le 1er août dernier. Cet arrêt, basé sur le RGPD, est valable dans toute l’Union européenne. Pour sa défense, Google a indiqué que ses employés n’ont accès qu’à 0,2% des enregistre­ments et que ces derniers ne sont «pas associés aux comptes des utilisateu­rs».

APPLE

Le 2 août, Apple annonçait qu’il suspendait l’analyse par des employés ou des sous-traitants de conversati­ons d’utilisateu­rs enregistré­es par son assistant vocal Siri. La société affirmait aussi que «dans la future mise à jour logicielle, les utilisateu­rs auront la possibilit­é de participer, ou non, à l’améliorati­on du service». L’affaire a démarré après un article du Guardian, basé sur le témoignage de sous-traitants expliquant s’être retrouvés à écouter des enregistre­ments réalisés par erreur et détenant des éléments personnels, voire intimes. Selon Apple, moins de 1% des requêtes étaient analysées par des employés. AMAZON

Fin mai, Amazon expliquait qu’il allait permettre à ses clients de demander directemen­t à son assistant vocal Alexa d’effacer des enregistre­ments. «Dites simplement: «Alexa, efface tout ce que j’ai dit aujourd’hui», et les enregistre­ments en question seront effacés», annonçait la société à l’occasion du lancement de son dernier modèle d’enceinte intelligen­te. Le même jour, la société annonçait la création d’une page «Alexa Privacy Hub» sur son site internet, où sont rassemblés toutes les fonctionna­lités et tous les réglages relatifs à la confidenti­alité.

Quelques semaines auparavant, on apprenait via Bloomberg que, plusieurs heures par jour, des équipes de la société, basées de Boston au Costa Rica en passant par l’Inde ou la Roumanie, écoutent des milliers de fichiers audio captés par Alexa.

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(DR) Les appareils Echo d’Amazon, dotés de l’assistant personnel Alexa, sont les plus utilisés au niveau mondial pour répondre à des questions et rendre des services.

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