Le Fifad célèbre une montagne respectée
La 50e édition du Festival international du film alpin des Diablerets s’est achevée samedi. Le film du photographe animalier Vincent Munier et du réalisateur Laurent Joffrion «Ours, simplement sauvage» remporte le Grand Prix
Observer, écouter et chuchoter. Vivre en harmonie avec les grands prédateurs est possible, et même fascinant. C’est ce que le photographe animalier Vincent Munier et le réalisateur Laurent Joffrion livrent comme message à travers leur film Ours, simplement sauvage, Grand Prix de la 50e édition du Festival international du film alpin des Diablerets (Fifad).
Dans la lumière blanche d’un début d’automne, les réalisateurs nous emmènent dans les Pyrénées où trois personnages entretiennent une relation intime, pétrie de patience, d’observation et d’écoute avec l’ours habitant les sousbois. Le film invite à la contemplation et rappelle la beauté fragile de cette nature que l’humain a tendance à négliger. Ebloui par ce film qui magnifie la montagne sauvage, le jury a été unanime dans son choix.
Sur les 50 films présentés pour ce jubilé, neuf autres prix ont été décernés. Zabardast, de Jérôme Tanon, et Pathan Project, de Guillaume Broust, respectivement honorés par les Diables d’or «sport extrême» et «exploration aventure», se déroulent tous deux au Pakistan où des vallées entières, dernièrement ouvertes au tourisme, dévoilent des territoires encore vierges où se dessine l’avenir de l’alpinisme.
S’approcher des dieux
Les films présentés aux 13500 spectateurs du Fifad sont une illustration du monde alpin d’aujourd’hui. Les nouveaux territoires sont dévoilés mais les nouvelles activités aussi. Ainsi découvre-t-on l’apparition d’une tendance aux voyages au long cours en parapente. Blutch, le récit d’une traversée de l’Himalaya par les airs, a touché le public sans toutefois remporter de prix. Mais Still flying, de Miroslaw Dembinski, qui tire le portrait de Janusz Orlowski, un Polonais de 91 ans toujours obsédé par sa volonté de s’approcher des dieux assis dans sa sellette, a séduit le jury pour sa sensibilité. Le personnage obstiné mais inspirant remporte le Prix du dépassement de soi.
Après avoir gravi l’Everest à deux reprises successives, le traileur et alpiniste Kilian Jornet aurait pu être distingué par ce titre. Mais le film Path to Everest, de Joseph Serra Mateu – qui raconte son cheminement vers le Toit du Monde, dévoile qu’un grand alpiniste se cache derrière le coureur compétitif. Le portrait subtil et sensible remporte donc la distinction de la catégorie montagne.
Pour cette 50e édition, le jury a voulu valoriser des oeuvres honnêtes et intelligentes, dont le message positionne l’humain comme faisant partie de la nature qui l’entoure. La montagne est respectée et l’homme y va pour se confronter à luimême et non pour la dominer.
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