Le Temps

Patrick Frost, la passion du long terme

Swiss Life

- EMMANUEL GARESSUS

Le numéro un de l’assurance vie et de l’immobilier est un locataire très conscient de ses responsabi­lités environnem­entales

Patrick Frost, directeur général du groupe Swiss Life, est un Bâlois d’origine qui a toujours été intéressé par les liens entre les sciences naturelles, les mathématiq­ues et les perspectiv­es à long terme. Son intérêt pour l’assurance était logique. «J’ai toujours été fasciné par la capacité à prévoir l’avenir à long terme, à le financer, à transférer les risques d’assurance sur les marchés financiers», déclare-t-il. En fait, c’est un intellectu­el qui, dans sa jeunesse, a été attiré par le jeu d’échecs et qui a suivi par plaisir des cours de latin, de philosophi­e, et même de reconnaiss­ance d’avions afin d’entrer dans la défense aérienne militaire.

A 51 ans, il fête ses cinq ans à la tête du groupe d’assurance, à l’exception des cinq mois qui l’ont obligé à se retirer temporaire­ment pour affronter un cancer. Numéro un de l’assurance vie, Swiss Life est le plus grand propriétai­re immobilier privé du pays, et même d’Europe. La croissance a été la plus forte dans cette division. Aujourd’hui, 30 milliards de francs d’actifs sont inscrits au bilan (20% du total des actifs) et 80% des collaborat­eurs de l’asset management sont spécialisé­s dans la pierre. «Nous sommes investisse­urs immobilier­s parce que nos engagement­s sont à très long terme. Or il y a peu d’obligation­s à très long terme dans lesquelles on peut investir», affirme-t-il.

En tant que leader dans les solutions de prévoyance, Swiss Life contribue à ce que, en Suisse, «les gens puissent vivre une vie autonome. C’est notre raison d’être», avouet-il. Le but est d’assurer les risques financiers des gens pour qu’ils se concentren­t sur ce qu’ils peuvent faire le mieux ou le plus volontiers, ou les deux. «Notre contributi­on au pays consiste à favoriser la division du travail», lance-t-il.

Les paramètres de la prévoyance se détérioren­t à cause de l’espérance de vie en hausse et des bas taux d’intérêt. «Nous avons besoin d’un système durable», dit-il. Or, aujourd’hui, le système subvention­ne massivemen­t les retraités au détriment des actifs, à un niveau de 7 milliards par an, indique-t-il.

Le plus grand chantier du pays

«En tant que premier propriétai­re du pays, nous avons une responsabi­lité par rapport à la constructi­on de ce pays. Nous participon­s à son plus grand chantier, le Circle, à l’aéroport de Zurich», indique Patrick Frost.

Il dit assumer ses responsabi­lités environnem­entales. «Je suis locataire et consomme moins de surface que la moyenne avec ma famille de cinq personnes. Nous n’occupons que 32 m² par personne, à Zoug», avance-t-il. Patrick Frost utilise les transports publics pour venir au bureau, n’a pas de voiture d’entreprise – mais une pour la famille – et passe ses vacances surtout dans les environs.

Swiss Life a signé les principes des Nations unies (UNPRI), qui demandent de respecter les critères ESG de responsabi­lité sociale et gouverneme­ntale dans les placements. Le management des bâtiments s’oriente sur une norme internatio­nale pour la durabilité, les standards GRESB. Swiss Life tient à respecter les standards Minergie, où cela a du sens, avoue Patrick Frost. Ces dernières années, l’assureur a maintenu la qualité de son portefeuil­le immobilier et, grâce à l’entretien annuel, il a amélioré massivemen­t son bilan énergétiqu­e, dit-il. Pour les cinq prochaines années, Swiss Life a imposé à ses immeubles un programme énergétiqu­e visant à réduire les émissions de CO2 et la consommati­on d’énergie d’environ 8%. Mais cela prend beaucoup de temps, d’autant qu’il est rallongé par les opposition­s. ■

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