Patrick Frost, la passion du long terme
Swiss Life
Le numéro un de l’assurance vie et de l’immobilier est un locataire très conscient de ses responsabilités environnementales
Patrick Frost, directeur général du groupe Swiss Life, est un Bâlois d’origine qui a toujours été intéressé par les liens entre les sciences naturelles, les mathématiques et les perspectives à long terme. Son intérêt pour l’assurance était logique. «J’ai toujours été fasciné par la capacité à prévoir l’avenir à long terme, à le financer, à transférer les risques d’assurance sur les marchés financiers», déclare-t-il. En fait, c’est un intellectuel qui, dans sa jeunesse, a été attiré par le jeu d’échecs et qui a suivi par plaisir des cours de latin, de philosophie, et même de reconnaissance d’avions afin d’entrer dans la défense aérienne militaire.
A 51 ans, il fête ses cinq ans à la tête du groupe d’assurance, à l’exception des cinq mois qui l’ont obligé à se retirer temporairement pour affronter un cancer. Numéro un de l’assurance vie, Swiss Life est le plus grand propriétaire immobilier privé du pays, et même d’Europe. La croissance a été la plus forte dans cette division. Aujourd’hui, 30 milliards de francs d’actifs sont inscrits au bilan (20% du total des actifs) et 80% des collaborateurs de l’asset management sont spécialisés dans la pierre. «Nous sommes investisseurs immobiliers parce que nos engagements sont à très long terme. Or il y a peu d’obligations à très long terme dans lesquelles on peut investir», affirme-t-il.
En tant que leader dans les solutions de prévoyance, Swiss Life contribue à ce que, en Suisse, «les gens puissent vivre une vie autonome. C’est notre raison d’être», avouet-il. Le but est d’assurer les risques financiers des gens pour qu’ils se concentrent sur ce qu’ils peuvent faire le mieux ou le plus volontiers, ou les deux. «Notre contribution au pays consiste à favoriser la division du travail», lance-t-il.
Les paramètres de la prévoyance se détériorent à cause de l’espérance de vie en hausse et des bas taux d’intérêt. «Nous avons besoin d’un système durable», dit-il. Or, aujourd’hui, le système subventionne massivement les retraités au détriment des actifs, à un niveau de 7 milliards par an, indique-t-il.
Le plus grand chantier du pays
«En tant que premier propriétaire du pays, nous avons une responsabilité par rapport à la construction de ce pays. Nous participons à son plus grand chantier, le Circle, à l’aéroport de Zurich», indique Patrick Frost.
Il dit assumer ses responsabilités environnementales. «Je suis locataire et consomme moins de surface que la moyenne avec ma famille de cinq personnes. Nous n’occupons que 32 m² par personne, à Zoug», avance-t-il. Patrick Frost utilise les transports publics pour venir au bureau, n’a pas de voiture d’entreprise – mais une pour la famille – et passe ses vacances surtout dans les environs.
Swiss Life a signé les principes des Nations unies (UNPRI), qui demandent de respecter les critères ESG de responsabilité sociale et gouvernementale dans les placements. Le management des bâtiments s’oriente sur une norme internationale pour la durabilité, les standards GRESB. Swiss Life tient à respecter les standards Minergie, où cela a du sens, avoue Patrick Frost. Ces dernières années, l’assureur a maintenu la qualité de son portefeuille immobilier et, grâce à l’entretien annuel, il a amélioré massivement son bilan énergétique, dit-il. Pour les cinq prochaines années, Swiss Life a imposé à ses immeubles un programme énergétique visant à réduire les émissions de CO2 et la consommation d’énergie d’environ 8%. Mais cela prend beaucoup de temps, d’autant qu’il est rallongé par les oppositions. ■