PUBERTÉ, MATURITÉ COGNITIVE ET GENRE
Faut-il appliquer un barème scolaire différencié en fonction du degré de développement de la puberté des filles et des garçons ? Pour certains spécialistes endocrinologues comme le Dr Rosselet (voir le Courrier des lecteurs du 19 septembre), ce serait oui. En replongeant dans mes photos de classe de fin d’école primaire, je suis toujours amusée de constater combien l’évolution physiologique des élèves d’une même classe est différente. Entre filles et garçons bien sûr. Mais entre garçons aussi! Alors qu’à 13 ans, Ludovic parlait déjà d’une voix grave, avait quelques poils drus aux mollets (et sûrement ailleurs) et dépassait tout le monde de 15 centimètres, Pierre, voix d’enfant et peau glabre, était resté plus petit. Aujourd’hui, Pierre mesure 1 m 85 et a rattrapé son «retard» de l’époque.
Je me pose désormais les questions suivantes: 1. La puberté est-elle indiscutablement liée à la maturité cognitive? (J’ai quelques doutes: je connais pas mal d’enfants très mûrs dès leur entrée à l’école, leurs capacités sont au-dessus de la moyenne et le niveau d’hormones sexuelles n’y est pour rien!) 2. L’afflux des hormones sexuelles a-t-il une incidence positive sur le développement des capacités intellectuelles? Si la réponse est oui à ces deux questions, la solution qui s’impose à tous les cantons est celle d’un barème différencié que l’on appliquera non pas à un groupe forcément hétérogène comme «les filles» ou «les garçons», mais bien à chaque individu. Est-on par conséquent prêt à procéder à un test hormonal de tous les élèves juste avant les examens?
Ce que l’on peut retenir de l’intervention dépassée et absurde du Dr Rosselet, c’est que l’école devrait davantage tenir compte du genre en général. L’école devrait commencer par viser l’égalité entre le nombre d’enseignants et d’enseignantes (et probablement revoir à la hausse les salaires des enseignant-e-s des premiers degrés). L’école devrait mieux tenir compte des besoins des enfants, dont certains (le plus souvent des garçons) ont terriblement besoin de bouger et ont de la peine à «se ternir tranquilles» longtemps (et je ne m’aventure pas sur l’origine de ces besoins, probablement bien plus culturelle que physiologique). L’école, puis l’université, en particulier la formation des médecins, ont un grand rôle à jouer pour que disparaissent les stéréotypes de genre qui cimentent les inégalités. Surtout quand on les justifie par ce qu’on croit être «naturel». Vos commentaires sont les bienvenus! Vos lettres ne doivent pas excéder 1500 signes (espaces compris).