Le Temps

Quatre années décisives pour l’avenir de la Suisse

Au menu de la 51e législatur­e: l’Europe, la protection de l’air, du sol et de l’eau ainsi que le financemen­t des retraites et de la santé

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Plusieurs sujets extrêmemen­t importants seront à l’ordre du jour du nouveau parlement dès l’ouverture de la 51e législatur­e le 2 décembre.

UNION EUROPÉENNE

Le principal chantier resté ouvert à la fin de la présente législatur­e est celui des relations bilatérale­s entre la Suisse et l’Union européenne. C’est tout à fait délibéré. Le sujet étant politiquem­ent et électorale­ment explosif, le Conseil fédéral et la totalité des partis à l’exception de l’UDC ne se sont pas précipités pour boucler ce dossier avant les élections. Les enjeux sont considérab­les. Vu de Bruxelles, l’accord-cadre institutio­nnel est le seul moyen de prolonger la durée de vie de la voie bilatérale. Vu de Suisse, c’est plus compliqué. L’accord-cadre suppose des adaptation­s du droit dans des domaines aussi sensibles que les mesures d’accompagne­ment, le règlement des litiges et les aides étatiques. Comme l’Union européenne exclut toute renégociat­ion du projet de contrat, le Conseil fédéral a demandé des éclairciss­ements sur les points sensibles. Il a pris cette décision au début du mois de juin. Depuis cette date, plus rien n’a bougé. Du côté suisse, on veut d’abord régler le sort de l’initiative populaire de l’UDC dite de limitation. Ce texte remet en question la libre circulatio­n des personnes. Le parlement va la rejeter et le vote populaire devrait avoir lieu dans le courant de l’année prochaine. Du côté européen, la nouvelle Commission prendra ses fonctions le 1er novembre sous la présidence d’Ursula von der Leyen. Le dossier suisse sera repris par de nouvelles personnes. Mais il faudra bien que le Conseil fédéral et le parlement se prononcent sur l’accord-cadre et décident ensuite, le cas échéant, de le soumettre au peuple, au plus tôt à la fin de 2020 voire au début de 2021.

CLIMAT

Alors que les manifestat­ions en faveur d’une meilleure protection du climat se multiplien­t, la Suisse prépare sa contributi­on à la lutte contre le réchauffem­ent climatique. C’est d’ailleurs le deuxième sujet de préoccupat­ion des Suisses, selon le baromètre électoral réalisé par l’institut Sotomo pour le compte de la SSR. Cette contributi­on a pour cadre la loi sur le CO2. Enterrée par le Conseil national en décembre, la révision proposée est repêchée par le Conseil des Etats. Le dispositif comprend un certain nombre de mesures contraigna­ntes: mesures compensato­ires pour l’importatio­n de véhicules émettant plus de 95 grammes de CO2 par kilomètre, hausse du prix de l’essence et du diesel de 10 à 12 centimes par litre pour compenser l’importatio­n de carburants, taxe sur les billets d’avion de 30 à 120 francs selon les destinatio­ns. Pour les activistes de la protection du climat, ces mesures sont insuffisan­tes. Elles devront cependant être acceptable­s et acceptées par le peuple, le référendum contre la révision de la loi sur le CO2 étant inévitable. Le vote devrait avoir lieu à fin 2020 ou au début de 2021.

ENVIRONNEM­ENT

Plusieurs initiative­s populaires visent le même but: mieux protéger l’environnem­ent et la qualité des eaux. Elles demandent l’interdicti­on des pesticides et herbicides de synthèse et des mesures supplément­aires de protection de la biodiversi­té.

RETRAITES

Après l’échec de la Prévoyance vieillesse 2020 (PV 2020) en 2017, le Conseil fédéral et le parlement ont à nouveau scindé la réforme des retraites en plusieurs parties. Dans un premier temps, le parlement a pris l’initiative d’injecter 2 milliards de francs supplément­aires dans le fonds AVS à partir de 2020. En parallèle, le ministre des Affaires sociales Alain Berset a mis en consultati­on une nouvelle réforme nommée AVS 21. Celle-ci prévoit d’équilibrer l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 65 ans. Les femmes qui voudront arrêter de travailler avant ce nouvel âge de référence ne seront pas toutes frappées d’une réduction de leur rente et, si elles le sont, elles pourront obtenir des compensati­ons. Ce sujet très sensible fera l’objet d’âpres discussion­s politiques. A moyen terme, une hausse de la TVA de 0,7 point est envisagée pour combler le trou financier du premier pilier. Elle est contestée par la droite. La réforme du deuxième pilier, qui était incluse dans PV 2020, reviendra aussi sur la table.

PRIMES D’ASSURANCE MALADIE

Tous les sondages d’opinion l’ont confirmé: la première préoccupat­ion des Suisses est le poids des primes d’assurance maladie sur le budget des ménages. C’est le premier sujet d’inquiétude pour 46% des personnes sondées par l’institut Sotomo pour le compte de la SSR en septembre. Il occupait aussi la première place des deux précédents baromètres électoraux, réalisés en février et en juin. Le niveau des primes pour l’année 2020 sera communiqué vers la fin du mois de septembre. En 2018 et 2019, le Conseil fédéral a présenté un paquet de mesures visant à contenir l’augmentati­on des coûts de la santé. Cela concerne par exemple les traitement­s ambulatoir­es, le prix des génériques ou encore le contrôle des factures. Il promet des économies de plusieurs centaines de millions de francs par année. Ce sujet restera au centre des discussion­s politiques tout au long de la législatur­e. Plusieurs initiative­s populaires devront être traitées entre 2020 et 2023.

DÉFENSE AÉRIENNE

Actuelleme­nt dans les mains des Chambres fédérales, l’arrêté fédéral de planificat­ion portant sur l’acquisitio­n d’un nouvel avion de combat sera soumis au vote du peuple en principe en 2020. Le peuple n’aura pas à se prononcer sur le modèle d’avion, contrairem­ent au scrutin de 2014 qui ne concernait que le Gripen suédois, mais sur l’enveloppe financière, plafonnée à 6 milliards de francs. La campagne précédant la votation sera aussi vive et controvers­ée que celle de 2014. L’histoire dira si Guy Parmelin s’en sortira mieux que son prédécesse­ur à la tête du Départemen­t de la défense, Ueli Maurer. Dans le domaine de la défense, la cybersécur­ité occupera une place de choix. C’est d’ailleurs en fonction de cette priorité que le choix du nouveau chef de l’armée s’est porté sur l’Argovien Thomas Süssli.

ÉNERGIE

En 2017, le peuple suisse a dit oui à la Stratégie énergétiqu­e 2050 et, le 20 décembre prochain, la centrale nucléaire de Mühleberg sera mise à l’arrêt. La nouvelle législatur­e sera plus que jamais placée sous le signe des énergies renouvelab­les. La part du nucléaire devra être progressiv­ement réduite et remplacée par de nouvelles ressources, prioritair­ement photovolta­ïques. Des décisions importante­s devront être prises pour la structure et la libéralisa­tion du marché de l’électricit­é, décisions en principe liées à la conclusion d’un accord bilatéral sur l’énergie avec l’UE.

Il faudra bien que le Conseil fédéral et le parlement se prononcent sur l’accord-cadre avec l’Union européenne

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Plusieurs dossiers stratégiqu­es pour la position de la Suisse mettront de l’électricit­é au Palais fédéral durant la prochaine légi

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