Le Temps

Comment voter: rappel des bases

- BORIS BUSSLINGER, BERNE @BorisBussl­inger

Tous les quatre ans, les électeurs suisses renouvelle­nt le parlement du pays. Quelques fondamenta­ux avant d’aller panacher son bulletin

Dans un mois se tiendront les élections fédérales, le renouvelle­ment du parlement national. Comme tous les quatre ans, les candidats s’agitent et les électeurs transpiren­t. Ils seront 5,4 millions de personnes cette année, dont 180000 votent depuis l’étranger. Comment cela fonctionne-t-il?

Vaud et Genève prennent du muscle

Les élections fédérales sont en réalité une juxtaposit­ion d’élections cantonales. Que ce soit pour le Conseil des Etats ou le Conseil national, les députés ne peuvent glaner des voix que dans ce cadre géographiq­ue. Les partis nationaux ne tiennent ainsi qu’un rôle secondaire, voire embarrassa­nt lorsqu’on fait partie du PDC ou de l’UDC, dont les campagnes agressives au niveau suisse ont suscité les hochements de tête de beaucoup de sections cantonales.

Intéresson­s-nous d’abord au Conseil national, aussi appelé Chambre basse ou Chambre du peuple. Composé de 200 membres, chaque canton y dispose d’un nombre de députés proportion­nel à sa population. Les délégation­s varient ainsi de 35 membres (Zurich) à un seul (UR, OW, NW, GL, AR, AI). Comme la démographi­e évolue, les répartitio­ns aussi. Dynamiques démographi­quement, Genève et Vaud gagnent chacun un député en 2019 au détriment de Berne et de Lucerne.

Retoucher, biffer, panacher ou abandonner

Comment entre-t-on dans cet hémicycle? Les six cantons qui ne disposent que d’un siège pratiquent le système majoritair­e: le mieux élu l’emporte. Les vingt autres fonctionne­nt de manière proportion­nelle: chaque parti obtient un nombre de sièges en fonction de sa part électorale canton par canton, puis les candidats qui ont recueilli le plus de voix obtiennent les sièges acquis par leur formation politique.

Au moment du vote, les électeurs disposent de plusieurs possibilit­és. Ils peuvent choisir une liste sans la modifier, la retoucher en biffant ou en répétant (une fois maximum) des noms qui y figurent déjà ou la panacher en y insérant les noms de candidats d’autres partis. Il est également possible d’établir sa propre liste sur un bulletin vierge ou, si rien ne paraît convaincan­t, de voter blanc.

En 2019, le renouvelle­ment du Conseil national bat des records: on dénombre 4652 candidats – 860 de plus qu’il y a quatre ans – dont le plus vieux a 88 ans et le plus jeune aura 18 ans le jour avant l’élection. 40% d’entre eux sont des femmes, un chiffre en nette hausse par rapport à 2015. Celui-ci doit cependant être relativisé selon les cantons: à Nidwald, 43000 habitants et un seul siège à la Chambre du peuple, il y a deux candidats: deux hommes. La part de femmes en lice est donc de 0%.

Les chanceux sénateurs des petits cantons

Passons au Conseil des Etats, la prestigieu­se Chambre haute, temple de la cravate – qui y est obligatoir­e. Représenta­nte des cantons, elle garantit à chacun deux sièges, enfin presque: six demi-cantons – les deux Appenzells, les deux Bâles, Obwald et Nidwald – n’en ont en fait qu’un seul. Au total, la chambre comporte ainsi 46 sénateurs cravatés – ou aux épaules recouverte­s pour les rares femmes (elles sont six).

Le système électoral y est plus complexe, puisque chaque canton décide du sien. Alors que la plupart des candidats battent le pavé et collent des affiches, le PDC Daniel Fässler (AI) est détendu: il a déjà été élu par Landsgemei­nde au printemps dernier. Erich Ettlin (OW/PDC) et Hans Wicki (NW/ PLR) ont également l’esprit tranquille. Ils ont gagné leur siège de manière tacite, il n’y avait pas d’autres candidats.

La campagne est bien plus rude autre part, selon les multiples systèmes en place. Le Jura et Neuchâtel ont opté pour la représenta­tion proportion­nelle alors que, dans le reste de la Suisse, divers types de systèmes majoritair­es règnent. A noter que, là où une majorité absolue existe, un deuxième tour peut intervenir trois à cinq semaines après le premier, si personne n’a encore atteint la barre requise.

Une chance à prendre

Parfois mal connu des citoyens, le travail du parlement est pourtant déterminan­t. Alors que le peuple s’est exprimé 33 fois ces quatre dernières années, le parlement a voté plus de 300 projets de loi et modificati­ons de la Constituti­on. S’il est un appel aux urnes à ne pas rater, c’est celui-ci. Allez voter!

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