L’UDC repoussée sur ses propres terres
L’UDC a beau rester un poids lourd dans les régions périurbaines, les revers dans ses propres fiefs lors des élections zurichoises communales de 2018, puis cantonales au printemps 2019, ont de quoi ébranler le premier parti de Suisse. Car sans ces zones où vivent la majorité des Suisses, creusets de la droite conservatrice depuis les années 1990 et le vote sur l’adhésion à l’EEE, le parti de Christoph Blocher ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. «Dans ces régions, l’UDC a engrangé des scores record avec son initiative «Contre l’immigration de masse» en février 2014», souligne le politologue Michaël Hermann. Alors, les tensions face à une immigration de travailleurs européens qualifiés, concurrents directs des Suisses sur les marchés de l’emploi et du logement, atteignaient leur comble. Surtout dans ces zones de banlieue qui absorbent la croissance démographique et où l’espace se fait rare, pour la classe moyenne.
Dans cette Suisse du milieu en pleine mutation, les ressorts qui étaient ceux de la droite nationaliste depuis les années 1990 semblent s’être grippés. Michael Hermann avait déjà observé des indices de cette tendance en étudiant les votations nationales entre 1990 et 2018. Ce sont les forces progressistes du centre et de la gauche qui profitent de ce changement. Les Vert’libéraux ont gagné près de 8% dans la vallée de la Limmat. Mais Michael Hermann souligne: «Le fossé entre villes et campagnes ne disparaît pas, il se déplace seulement vers l’intérieur de la Suisse.»
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