Une jolie Dame blanche hante Meinier
APPARITIONS Le spectacle musical présenté sur le site du château de Rouelbeau en collaboration étroite avec le DIP séduit plus qu'il n'effraie
« Qui a peur de la Dame blanche?» lance l’affiche. Personne! Les tout-petits ont été invités à attendre de grandir un peu pour éviter quelques frayeurs nocturnes. Ils sont donc hors de danger. Les adultes et les jeunes, eux, se régalent. Et les adolescents accourus à Meinier pour ce projet lancé en collaboration étroite avec le DIP affichent une franche satisfaction.
Avec plus de 40 élèves du cycle d’orientation associés à cette aventure pédagogique hors du commun, et 4000 enfants pouvant y assister en séance scolaire après une préparation à l’école en amont, la jolie production qui s’installe au château de Rouelbeau sous les étoiles, à la nuit tombée, ravit.
Le regard égaré du spectre
De quoi s’agit-il? D’un spectacle musical sonorisé racontant la terrible histoire de la jeune Blanche, épouse congédiée par son époux le chevalier Humbert de Chollay à cause de sa stérilité. Devenue folle de douleur, elle hante depuis bientôt sept siècles les ruines du château. Toutes les nuits de pleine lune, la citadelle se reforme et les «pendus, occis, lépreux, galeux, malheureux scrofuleux…» errent sous le regard égaré du spectre de la Dame blanche.
Le sujet s’inscrit dans le lot des légendes traditionnelles. Mais son traitement, avec l’OCG installé derrière un écran translucide où un montage vidéo d’une belle finesse est projeté, en ouvre la portée et en enrichit l’imaginaire.
Si la musique de Christophe Sturzenegger ne s’inscrira pas au panthéon des chefs-d’oeuvre, la simplicité de ses mélodies et de ses rythmes offre un excellent terrain de chant aux jeunes voix en jeu. Ainsi qu’aux instrumentistes de L’Oco-motion (Orchestre du cycle d’orientation) soutenus par l’OCG et dirigés par Arsène Liechti.
Drones et vidéo
L’autre intérêt de cette Dame blanche se trouve dans l’approche historique, naturaliste et patrimoniale du site qui se voit mis en valeur par des images reconstituées du château à travers des films, collages et montages pour l’aspect ancien, et des mouvements de drones et caméras sur les ruines actuelles.
La narration? Elle est tenue par le formidable Laurent Sandoz. Le jovial acteur, arrivé et reparti en moto pétaradante, accompagne l’action livre en main dans un fauteuil, ou impliqué dans le jeu. On le suit avec gourmandise. C’est Robert Nordik qui est aux commandes visuelles. Mise en scène sobre, décor onirique très évocateur et mouvant, grâce à un travail vidéo très soigné: le maître de la scène tend un pont très habile entre la musique et les textes parlés ou chantés de Guillaume Rihs.
Quant à Sacha Cotting (Dame blanche) et à Thibaud Pedraja (Jean Bahut), ils se prennent avec grâce au jeu de la folie et de l’angoisse. Même pas peur, on vous dit!
■ Qui a peur de la Dame blanche? Château de Rouelbeau, à Meinier (GE) jusqu’au 21 septembre. locg.ch