Le Temps

Une jolie Dame blanche hante Meinier

APPARITION­S Le spectacle musical présenté sur le site du château de Rouelbeau en collaborat­ion étroite avec le DIP séduit plus qu'il n'effraie

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er

« Qui a peur de la Dame blanche?» lance l’affiche. Personne! Les tout-petits ont été invités à attendre de grandir un peu pour éviter quelques frayeurs nocturnes. Ils sont donc hors de danger. Les adultes et les jeunes, eux, se régalent. Et les adolescent­s accourus à Meinier pour ce projet lancé en collaborat­ion étroite avec le DIP affichent une franche satisfacti­on.

Avec plus de 40 élèves du cycle d’orientatio­n associés à cette aventure pédagogiqu­e hors du commun, et 4000 enfants pouvant y assister en séance scolaire après une préparatio­n à l’école en amont, la jolie production qui s’installe au château de Rouelbeau sous les étoiles, à la nuit tombée, ravit.

Le regard égaré du spectre

De quoi s’agit-il? D’un spectacle musical sonorisé racontant la terrible histoire de la jeune Blanche, épouse congédiée par son époux le chevalier Humbert de Chollay à cause de sa stérilité. Devenue folle de douleur, elle hante depuis bientôt sept siècles les ruines du château. Toutes les nuits de pleine lune, la citadelle se reforme et les «pendus, occis, lépreux, galeux, malheureux scrofuleux…» errent sous le regard égaré du spectre de la Dame blanche.

Le sujet s’inscrit dans le lot des légendes traditionn­elles. Mais son traitement, avec l’OCG installé derrière un écran translucid­e où un montage vidéo d’une belle finesse est projeté, en ouvre la portée et en enrichit l’imaginaire.

Si la musique de Christophe Sturzenegg­er ne s’inscrira pas au panthéon des chefs-d’oeuvre, la simplicité de ses mélodies et de ses rythmes offre un excellent terrain de chant aux jeunes voix en jeu. Ainsi qu’aux instrument­istes de L’Oco-motion (Orchestre du cycle d’orientatio­n) soutenus par l’OCG et dirigés par Arsène Liechti.

Drones et vidéo

L’autre intérêt de cette Dame blanche se trouve dans l’approche historique, naturalist­e et patrimonia­le du site qui se voit mis en valeur par des images reconstitu­ées du château à travers des films, collages et montages pour l’aspect ancien, et des mouvements de drones et caméras sur les ruines actuelles.

La narration? Elle est tenue par le formidable Laurent Sandoz. Le jovial acteur, arrivé et reparti en moto pétaradant­e, accompagne l’action livre en main dans un fauteuil, ou impliqué dans le jeu. On le suit avec gourmandis­e. C’est Robert Nordik qui est aux commandes visuelles. Mise en scène sobre, décor onirique très évocateur et mouvant, grâce à un travail vidéo très soigné: le maître de la scène tend un pont très habile entre la musique et les textes parlés ou chantés de Guillaume Rihs.

Quant à Sacha Cotting (Dame blanche) et à Thibaud Pedraja (Jean Bahut), ils se prennent avec grâce au jeu de la folie et de l’angoisse. Même pas peur, on vous dit!

■ Qui a peur de la Dame blanche? Château de Rouelbeau, à Meinier (GE) jusqu’au 21 septembre. locg.ch

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