Jambinai, à la conquête de l’Europe
MUSIQUE Aussi bruyamment perché que talentueux, le groupe coréen s'arrête ce dimanche à Monthey
Le post-rock est une case bien pratique quand on n’est pas sûr de tout comprendre mais qu’on a malgré tout envie de faire un peu de rangement. Réduire Jambinai à cette étiquette? Ce serait lui manquer de respect, tant le talent de ce quintette coréen s’évade au-delà de toutes les frontières. ONDA, son troisième album, sorti en juin dernier, procure des sensations contradictoires qui vont bien plus loin que le genre: atmosphérique mais animal, violent mais apaisant, hypnotisant mais énergisant.
Ils seront cinq, ce dimanche au Pont Rouge, à redéfinir le concept d’harmonie bruitiste. Il en va ainsi depuis 2017 et une tournée européenne où ils ont ajouté basse et batterie à une bande jusque-là réduite à trois membres férus d’instruments sans âge. Dont un haegeum – une vièle à deux cordes avec archet – et un geomungo, à savoir une cythare sur table. Le leader et compositeur principal Lee Il-woo joue, lui, outre sa guitare, du piri (flûte de bambou) et du taepyeongso (hautbois). La musique traditionnelle reste pour lui une inspiration, mais ses compositions sont aujourd’hui plus proches du métal.
Nul n'est prophète en son pays
Diplômé de l’Université des arts de Corée, Lee Il-woo cite Tool, Sepultura et Nine Inch Nails: «La plupart des gens imaginent que la musique traditionnelle asiatique est toute douce et utile pour pratiquer le yoga. On a voulu casser cette image.» Il a également le sens de l’humour à fleur de peau pour raconter son parcours, assurant que l’évolution de Jambinai était nécessaire «puisque seuls nos familles et nos amis venaient assister à nos concerts. Je n’ai pas eu de mal à convaincre les autres de nous rejoindre, je leur ai juste dit qu’ils pourraient goûter toutes les bières du monde. Je leur ai fait signer un contrat d’esclave et ils ont embarqué pour l’aventure.»
On ne parle pas ici de légendes locales à l’assaut de nouvelles terres. Les Jambinai restent confidentiels chez eux: «Le public coréen est un public de suiveurs. Quand une nouvelle tendance apparaît, il se jette dessus. En ce moment, c’est le retour des années 1980 qui fait fureur. La scène underground coréenne existe, mais avec là encore des suiveurs dont beaucoup qui donnent dans le hip-hop ou le revival eighties. Le public européen est définitivement plus ouvert. On n’a pas ou peu de succès chez nous, alors qu’on a nettement plus de monde à nos concerts ici.»
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