L’espoir d’un accord sino-américain ravit les investisseurs
Le président américain, Donald Trump, devait rencontrer le vice-premier ministre chinois, Liu He, vendredi soir. Signe d'un dégel dans un conflit qui dure depuis 18 mois? Les marchés y croient
Donald Trump sait aussi redonner le sourire. Les bourses asiatiques, y compris celle de Hongkong qui est pourtant toujours aux prises avec des manifestations violentes, ont clôturé leur séance de vendredi en vert. Idem en Europe. En Allemagne, l’indice Dax a gagné 2,77%. Aux Etats-Unis, Wall Street a suivi le mouvement et a flambé à l’ouverture. C’est ainsi que les investisseurs ont montré leur soulagement par rapport aux négociations visant à abaisser les tensions commerciales entre Chinois et Américains en cette fin de semaine à Washington. Jeudi soir, le président américain est allé jusqu’à déclarer que «nous avons eu de très très bonnes négociations avec la Chine».
Le président américain est allé plus loin et a invité le vice-premier ministre et chef négociateur chinois, Liu He, à la Maison-Blanche vendredi soir. Allant dans le même sens, les diplomates américains ont laissé entendre que le président Trump pourrait rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) qui aura lieu du 14 au 16 novembre au Chili.
Des surtaxes mardi?
Dans l’immédiat, les conclusions des négociations de cette fin de semaine seront jugées à l’aune de la décision américaine d’aller de l’avant ou pas avec l’augmentation des surtaxes punitives de 25 à 30% sur des produits chinois importés d’une valeur de 250 milliards de dollars. Cette mesure devait entrer en vigueur dès le 1er octobre, mais l’administration Trump avait accordé une période de grâce de 15 jours.
Pour sa part, Pékin a aussi sorti une carte maîtresse en pleine négociation. Elle a dévoilé un calendrier pour la levée des restrictions aux investissements étrangers dans le secteur financier, ce que réclame Washington depuis des années. A partir de l’an prochain, banques, assurances, gestionnaires d’actifs, fonds d’investissement et courtiers pourront opérer librement en Chine sans avoir à se lier avec un partenaire chinois. En réalité, le processus d’ouverture a déjà démarré avec des groupes comme Swiss Re, UBS, Nomura et JP Morgan contrôlant déjà la majorité des parts dans leurs filiales chinoises. La décision de vendredi est saluée par de nombreuses banques étrangères qui attendent le feu vert pour conquérir le marché financier chinois.
Accord minimal en vue
Dans l’attente du tête-à-tête entre le président Trump et le vice-premier ministre chinois vendredi soir, un certain optimisme était également présent dans les deux camps. Pour la Chambre de commerce américaine, la rencontre qui est en elle-même un élément positif, pourrait déboucher sur un accord minimal; il porterait sur un engagement de la Chine de ne pas dévaluer sa monnaie, une suspension de la hausse des droits de douane prévue pour mardi et le rachat de soja et autres produits agricoles américains par Pékin. Les autres contentieux – transfert de technologie, vol de la propriété intellectuelle, interdiction aux entreprises américaines de vendre des technologies aux entreprises chinoises, notamment à Huawei – seraient négociés plus tard.
Certains diplomates n’excluent toutefois pas de revirement de la part du président américain. La semaine n’a en effet pas commencé sous les meilleurs auspices. Il y a trois jours, l’administration Trump a imposé des restrictions contre des entreprises technologiques chinoises actives dans le Xinjiang en raison d’une «campagne de répression» contre les musulmans ouïgours. Des notables de cette province à l’ouest de la Chine ont aussi été interdits de visa américain. «La bonne nouvelle est que les négociateurs chinois sont arrivés à Washington malgré les provocations américaines», fait remarquer un diplomate.
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Dans l’attente du tête-à-tête entre le président Trump et le vice-premier ministre chinois, Liu He, vendredi soir, un certain optimisme était présent dans les deux camps